Yennayer a été célébré cette année d'une manière particulière à Tlemcen où, pour la circonstance, la direction de l'hôtel Renaissance a reconstitué dans une soirée particulière tous les rituels et traditions de ce jour de l'an ancestral. Repas frugal, berkoukès, msamen, gâteaux traditionnels et fruits secs ont été dégustés par les nombreuses familles invitées dans un environnement typiquement traditionnel. Rien n'a été laissé au hasard. Adultes et enfants ont eu droit, comme à l'accoutumée, à leur lot d'amandes, de noisettes, de dattes, de cacahuètes, de figues sèches, etc., le tout agrémenté par une musique du terroir, un défilé d'habits traditionnels et une pièce théâtrale pour enfants. Dans la journée, il a été organisé une virée à Béni-Snouss où la fête, dans cette région montagneuse de l'ouest du chef-lieu de la wilaya, est vécue de manière exceptionnelle et qui reste célèbre pour son carnaval d'Ayered, qui veut dire «lion». Ils étaient tous là comme autrefois, avec leurs masques en toison de mouton ou en peau de chèvre et des crinières de cheval , enfants et jeunes gens ont donné libre cours à leur joie au rythme des bendirs et tambourins, exécutés avec brio par de nombreuses troupes folkloriques sans pour autant oublier les groupes de femmes qui leur donnaient la réplique avec le chant de la région, plus connu sous le nom de «Essaf». C'était ferrique et à Béni-Snouss, comme à chaque année, ce rite est effectué avec beaucoup une émouvante symbolique. Selon les populations, son but est d'écarter la famine, augurer l'avenir, consacrer le changement et accueillir chaleureusement les forces invisibles. C'est aussi l'augure d'une bonne récolte. Les Senoussis n'ont pas lésiné sur les moyens pour la circonstance, et tous les gestes ont été exécutés avec rigueur tant la superstition est encore présente en force dans cette région. Cette tradition berbère est liée à l'avènement de la nouvelle année et est fêtée presque de la même manière, à quelques détails près, dans toutes les régions de la wilaya de Tlemcen sauf qu'à Béni-Snouss, on lui accorde un intérêt particulier. Toujours est-il, cette fête, même si elle s'apparente à de la superstition, participe néanmoins à la socialisation des personnes, harmonise et renforce le tissu culturel. Yennayer, riche de ses nombreux rites et rituels, fait partie de notre identité culturelle et de notre mémoire collective. Et c'est dans cette perspective que les organisateurs ont gratifié leurs invités par cette exceptionnelle soirée qui a marqué tous les esprits.