Au moins douze personnes ont été tuées hier au Cameroun, dans un attentat-suicide contre une mosquée de la région de l'extrême nord, a indiqué une source sécuritaire. La province est régulièrement la cible des islamistes nigérians de Boko Haram. L'attaque a visé cette fois Kouyape, un petit village de l'arrondissement de Kolofata, proche de la frontière avec le Nigeria. Les fidèles musulmans étaient rassemblés dans la mosquée lorsqu'un kamikaze s'est infiltré et «a actionné sa charge explosive en pleine prière de 5h30», selon un responsable sécuritaire. «Le kamikaze priait avec d'autres fidèles» avant la déflagration. L'imam fait partie des victimes. Dans la nuit de mardi à mercredi, deux autres personnes ont été tuées dans la même localité lors d'une attaque attribuée à Boko Haram, qui a rallié Daech. Après avoir laissé passer pendant des années les combattants de Boko Haram, actifs dans le nord-est du Nigeria, et qui se servaient de la région comme base arrière et lieu d'approvisionnement en armes, véhicules et marchandises, le Cameroun a renforcé sa présence militaire le long de la frontière nigériane dans le cadre de la coalition régionale militaire (Cameroun, Nigeria, Niger, Tchad, Bénin) qui combat les islamistes. Depuis fin novembre 2015, l'armée camerounaise mène, dans plusieurs localités frontalières, des opérations de «ratissage» pour affaiblir les djihadistes nigérians qui restent très actifs entre le nord-est du Nigeria et l'extrême nord du Cameroun. De sources concordantes, ces actions ont considérablement affaibli les capacités de Boko Haram, qui n'est plus engagé dans des confrontations avec les troupes camerounaises mais multiplie les attaques-suicides. Depuis juillet 2015, plusieurs attaques de ce type attribuées à Boko Haram ont visé des villes de l'extrême nord du pays. Plusieurs autres ont été déjouées ces dernières semaines dans la région.