La consommation de sel alimentaire iodé a baissé considérablement en Algérie. Elle a chuté de plus de 50 % en 2008 a confié Rezag Abderrahmane, responsable chargé des relations publiques à l'Entreprise publique de production de sel (Enasel). L'Algérien consomme de moins en moins de sel iodé, ce qui l'expose à des maladies, nous a-t-il indiqué. Pour prévenir cette carence, l'Enasel compte signer une convention avec la Fédération des boulangers pour encourager cette corporation à utiliser du sel iodé dans la fabrication du pain. «Le sel utilisé par un grand nombre d'entre eux n'est pas iodé, voire non conforme aux normes, puisqu'il est acquis sur le marché parallèle», souligne-t-il. Selon les explications de notre interlocuteur, l'iodation du sel de cuisine augmente considérablement son coût, ce qui pousse les revendeurs du marché parallèle à commercialiser un sel sans iode, moins cher, dont la consommation présente des risques pour la santé du consommateur. La plupart des boulangers algériens l'achètent, aujourd'hui, sur le marché parallèle. Pourtant, la réglementation exige la commercialisation d'un sel qui doit comporter 30 à 50 mg d'iode/kg de sel. Pour étayer ses propos, le responsable de l'Enasel a affirmé que sur une utilisation annuelle moyenne de 60 000 tonnes, son entreprise n'a commercialisé que 10 000 tonnes en 2008. Face à cette situation, l'Enasel a opté pour la commercialisation du sel à bas prix en plus de sa distribution au profit des boulangers. Elle compte faciliter davantage l'acquisition du sel à ces professionnels en permettant à la Fédération des boulangers de distribuer le sel. Le choix de signer une convention avec les boulangers, a expliqué le responsable, est dû au fait que le pain est fortement consommé par les Algériens. «Nous avons même confectionné un emballage spécifique pour les boulangers», a-t-il encore relevé, estimant qu'en intervenant sur le pain, il sera possible de combler le manque de consommation d'iode par les ménages algériens. Enasel a organisé également plusieurs journées de sensibilisation au profit de la population à travers le pays. La prochaine rencontre est prévue dans la wilaya de Tizi Ouzou où de nombreuses personnes souffrent d'une carence en la matière. Des enquêtes effectuées dans la wilaya d'Alger ont révélé que sur 500 contrôles effectués sur du sel commercialisé, il a été constaté que plus de 90 % ne sont pas conformes à la qualité exigée. D'autres études sur l'iodation du sel effectuées par l'Inspection du Centre algérien du contrôle de la qualité et de l'emballage (Cacqe) de Ouargla, dans la principale région productrice du pays, à savoir El-Oued, a montré un inquiétant déficit en iode. Ainsi, le taux de non-conformité des produits commercialisés est de 52,74 %. «L'iode est un oligo-élément dont le rôle est essentiel dans la structure des hormones thyroïdiennes», a tenu à souligner Rezag Abderrahmane. Parmi les répercussions sur la santé, figurent l'augmentation du nombre de personnes présentant un goitre endémique, des retards physique et mental, ainsi que des malformations congénitales.