Part «Nous détenons actuellement 10% seulement du marché des boulangers» déclare le P-DG de l?Enasel. Autrement dit, le sel utilisé dans la production du pain, en grande partie, n?est pas fourni par l?Enasel, mais provient des autres opérateurs privés qui couvrent 51% des besoins du marché national en sel alimentaire. Ladite entreprise publique souffre de la concurrence déloyale de ces opérateurs qui ne respectent pas toujours les normes internationales en la matière. Le premier responsable de l?Enasel ajoute : «C?est à l?Etat de mettre les moyens pour lutter contre le marché informel, car nous ne disposons pas des moyens adéquats pour lancer des campagnes de sensibilisation sur la nécessité du sel iodé.» Certains boulangers de la capitale affirment ne rien savoir sur la valeur du sel iodé. «Ma mission consiste à fabriquer du pain et non à contrôler le marché du sel, déclare un boulanger à Bab El-Oued. J?achète le sel en grande quantité et je n?ai jamais demandé s?il est iodé ou non. Ce qui m?intéresse le plus, c?est le prix car, avant tout, je suis un commerçant.» D?autres boulangers sont conscients de l?importance de l?iode. Cependant, l?absence des produits de l?Enasel les oblige à utiliser d?autres marques pour la fabrication du pain. «Si je reste dans l?attente du sel iodé, je n?aurai qu?à baisser rideau et changer d?activité», affirme un boulanger de Belcourt qui regrette l?inconscience des consommateurs qui «ne cherchent qu?à se remplir le ventre. Depuis mon début d?activité en 1985, personne n?a demandé si le sel que contient le pain est iodé ou non». Selon les derniers chiffres du Cnrc, le nombre de boulangers en Algérie est estimé à 9 234. La quantité du sel utilisé par la boulangerie est de 2 kg pour un quintal de farine, soit une consommation annuelle de 40 000 tonnes. Les ventes de l?Enasel aux boulangeries sont estimées à 793 tonnes, un taux très insuffisant eu égard à la demande du marché. Le même organisme indique que 9 milliards de baguettes sont vendues sur le marché national sans iodation du sel. Les régions des Hauts-Plateaux et le Sud sont les plus touchés par la consommation du sel non iodé. Ce qui est à l?origine de nombreuses maladies, notamment avec la dégradation du pouvoir d?achat qui a un impact direct sur la qualité des produits alimentaires que peuvent se permettre les habitants de ces régions. L?organisation et le contrôle du marché du sel sont donc, plus que jamais, nécessaires, vu les répercussions de cet aliment sur la santé publique et l?anarchie que connaît le marché national en la matière.