C'est désormais une réalité. Six mois après l'accord signé dans la capitale autrichienne, Vienne, les sanctions internationales contre l'Iran sont levées. Une «bonne journée» pour le monde, avait même prédit le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, en arrivant à Vienne (Autriche) samedi. Quelques heures plus tard, les sanctions internationales qui bridaient l'économie de l'Iran et de ses 77 millions d'habitants ont été levées, au bout de douze ans de négociations. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a son feu vert à l'entrée en vigueur de ce texte qui garantit le caractère civil du nucléaire iranien. Elle a souligné que Téhéran avait tenu ses engagements. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, voit là «une étape majeure qui reflète l'effort accompli de bonne foi par toutes les parties». L'Union européenne a adopté samedi soir la décision levant ses sanctions économiques et financières contre l'Iran, une décision doit encore être publiée au Journal officiel de l'UE pour entrer en vigueur, ce qui devrait être fait dans la foulée. Les chefs de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et iranienne, Mohammad Javad Zarif, ont jugé, dans un communiqué commun, que «ce succès montre clairement qu'avec de la volonté politique, de la persévérance et une diplomatie multilatérale, nous pouvons résoudre les questions les plus difficiles et trouver des solutions pratiques». La levée de l'intégralité des sanctions sera échelonnée sur dix ans, et durant 15 ans les mesures pourront être automatiquement rétablies en cas de manquements de Téhéran. L'Iran a accepté de se soumettre à des inspections renforcées de l'AIEA. Les embargos de l'ONU sur les armes conventionnelles et sur les missiles balistiques sont maintenus jusqu'en 2020 et 2023 respectivement. Les réactions n'ont pas tardé à «fuser», le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a salué «le début de la pleine mise en œuvre de l'accord nucléaire avec l'Iran», précisant que c'est «une étape importante pour la paix et la sécurité, ainsi que pour les efforts internationaux de lutte contre la prolifération nucléaire». Ce tournant diplomatique marque aussi l'amorce d'un rapprochement entre les Etats-Unis et l'Iran qui s'est précisé samedi par l'annonce d'un échange de prisonniers sans précédent entre les deux pays, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980. Mais Israël, comme à l'accoutumée, garde sa position «constante» et juge par la voie de son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, que «même après avoir signé l'accord nucléaire, l'Iran n'a pas abandonné ses ambitions de se doter d'armes nucléaires et continue à déstabiliser le Moyen-Orient et à répandre la terreur à travers le monde en violant ses engagements internationaux». De son côté, le président Hassan Rohani a salué hier l'ouverture d'une «nouvelle page» entre l'Iran et le monde. «Nous Iraniens, nous tendons la main vers le monde en signe de paix (...) et ouvrons une nouvelle page dans les relations avec le monde», a dit Rohani dans un message à la nation. «L'accord n'est contre l'intérêt d'aucun pays. Les amis de l'Iran sont contents et ses adversaires ne doivent pas être inquiets. L'Iran n'est une menace pour aucun pays (...)», a-t-il ajouté. L'Iran a toujours nié vouloir se doter de l'arme atomique mais l'AIEA a établi que ce pays avait bel et bien mené des recherches sur la bombe atomique.