Abdelmadjid Sidi Saïd fait décidément de moins en moins l'unanimité au sein de la centrale syndicale. Cet état de fait a été vérifié hier au siège de l'UGTA où les pro et anti-Sidi Saïd ont failli en arriver aux mains. Réunis, sans la présence du secrétaire général, pour livrer la position de l'organisation syndicale sur les questions d'actualité, telles que la loi de finances 2016 et la révision de la Constitution, la rencontre des unions des wilayas du Centre s'est achevée dans la précipitation, et surtout dans un climat de débandade à peine descriptible. A l'entrée du siège, des pancartes et des posters géants à l'effigie de Sidi Saïd appelaient les syndicalistes à soutenir le SG dans la période difficile qu'il traverse. «Rana Maak à 100%», peut-on lire sur l'une des affiches. A l'intérieur de la salle de conférences située à l'étage de l'édifice du 1er Mai, les derniers arrivés ne trouvaient pas où se mettre. Un des animateurs de ladite rencontre commençait déjà à donner le ton, en incitant les présents à scander des slogans de soutien à Sidi Saïd, sans grand succès. Relancés plusieurs fois, une partie des présents à ce qui ressemblait à une tribune pour le soutien de Sidi Saïd commençaient à en avoir assez en donnant la réplique aux orateurs acquis à la cause de Sidi Saïd. «On est lassé par ce discours vide de sens. Nous attendons du concret, face à la cherté de la vie et à la détérioration du pouvoir d'achat des travailleurs», lançait dans la salle le camp qui dit vouloir en finir avec l'ère Sidi Saïd. Un employé d'une commune d'Alger a d'ailleurs interpellé les organisateurs de la rencontre en le critiquant de n'avoir rien fait pour que son salaire et celui de ses collègues soit débloqué. Entre-temps, les représentants syndicaux des entreprises comme Seaal, Netcom, Naftal ou Sonelgaz ont fini par suivre le mot d'ordre en faisant sortir de leurs poches des feuilles sur lesquelles on appelle à soutenir Sidi Saïd. Ce rassemblement a été organisé pour répondre aux détracteurs du SG de la centrale syndicale au cœur d'une vive polémique poussant certains syndicalistes à réclamer son départ. Le SG de l'UGTA a proféré, en effet, des injures lors d'une réunion consacrée au crédit à la consommation, des déclarations qui ont soulevé un tollé national, suivi du dépôt de près de 400 plaintes contre lui. Mais selon ses fidèles, il ne s'agit pas d'une injure volontaire, mais plutôt d'une réaction qui a échappé de la bouche du premier responsable de l'Union générale des travailleurs algériens. Une syndicaliste de la fédération de la santé rencontrée sur les lieux a défendu «l'accusé», en disant que Sidi Saïd a éduqué des générations de syndicalistes et que ces «nouveaux arrivants ne viennent surtout pas pour donner des leçons à notre maître !» Même son de cloche chez Youcef Abdellaoui, chef de la section syndicale de la SDC de Boumerdès. «Sidi Saïd et Telli ont été les seuls à défendre nos droits lorsque tous les autres nous ont tourné le dos. Ils nous ont aidé à arracher, entre autres, la convention collective», s'en rappelle-t-il. Selon un pro-Sidi Saïd qui requiert l'anonymat, les «agitateurs» dont les mandats ont expiré ont été envoyés par Salah Djenouhat, secrétaire général de l'Union de wilaya d'Alger de l'UGTA et membre du secrétariat national, qui a été lui-même écarté de la direction de la centrale syndicale.