Le XIe congrès de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qui s'est achevé lundi 31 mars dernier par la réélection de Abdelmadjid Sidi-Saïd au poste très convoité de secrétaire général (SG) de la Centrale syndicale, a été marqué par la création du poste de vice-président de l'UGTA. Comment et pourquoi le congrès s'est soldé par la création d'une vice-présidence à l'organisation de Sidi-Saïd ? Ces interrogations sont d'autant plus pertinentes que les trois derniers congrès de la Centrale syndicale précédant celui de fin mars dernier n'ont pas vu la création de ce poste. Qu'est-ce qui a donc motivé l'institution de ce poste et quelle est l'arrière-pensée de sa mise sur pied ? Pour répondre à ces questions, il faut d'emblée savoir que dans l'ensemble des documents et textes inhérents au congrès, il n'a été aucunement fait mention à un quelconque poste de vice-président. Ce qui sous-entend que le poste de vice-président de l'UGTA n'a pas été préalablement débattu et discuté par les congressistes avant l'ouverture du congrès. L'idée de la création d'un vice-président pour Sidi-Saïd a circulé durant le congrès. Et plus précisément à la veille de sa clôture. C'est vers une heure du matin que cette initiative a été rendue publique. Et ce sont deux responsables au niveau du secrétariat national de la Centrale syndicale qui sont à l'origine de la création de ce poste. En l'occurrence M. Ladjabi, membre du secrétariat de la centrale au niveau de Guelma, et Salah Djenouhat, membre du secrétariat au niveau d'Alger. Toutefois, l'instigateur de la création du poste de VP n'est autre que Salah Djenouhat. Député au Rassemblement national démocratique (RND), Djenouhat avait l'ambition de partager à travers le poste de vice-président, la direction de l'UGTA avec un Sidi-Saïd soutenu par le FLN, mais également par le président de la République. La création donc de la VP était destinée à ne pas laisser le contrôle de l'UGTA entre les mains du FLN. À ce sujet, Djenouhat, et donc le RND, qui a prévu la création de la vice-résidence depuis longtemps s'est mobilisé grandement pour cet objectif. Comment ? D'abord, en contrôlant minutieusement la préparation du congrès. Cette tâche, qui a été attribuée à Djenouhat en sa qualité de responsable de l'organisation à la Centrale syndicale, a été menée dans le sens souhaité par le RND. En effet, Djenouhat a été celui qui a influé grandement sur le choix des congressistes, qui a chapeauté l'organisation des congrès régionaux et qui a même sélectionné les responsables de l'organisation technique du congrès. Ces derniers, au nombre de deux cents, censés encadrer les congressistes en tant qu'organisateurs, ont fini par monter sur les chaises à chaque fois qu'il était question d'exprimer les positions souhaitées par Djenouhat. Il en est ainsi de la revendication de ce dernier d'instituer une vice-présidence à l'UGTA. Aussi, les deux cents organisateurs, en plus des congressistes d'Alger, ont été, en effet, les seuls à contester la réélection de Sidi-Saïd au tout début avant que Djenouhat n'intervienne, faute de soutiens plus importants, pour soutenir à son tour la candidature du patron de l'UGTA. La mobilisation du RND ne s'est pas limitée à celle de Djenouhat. Elle s'est étendue à Chihab Seddik, député RND d'Alger, et à Abdesslam Bouchouareb, chef de cabinet d'Ouyahia au RND. Ce tandem a fait le tour des congressistes pour les convaincre d'accepter une vice-présidence à Sidi-Saïd. Quoiqu'il en soit, informé du projet de ce tandem (Djenouhat et Ladjabi), Abdelmadjid Sidi-Saïd, alors candidat à sa propre succession, est rentré dans une colère noire. Sa colère était motivée par une double raison : la première étant le fait qu'il ait été mis devant le fait accompli de la création d'une vice-présidence à son poste et la seconde étant sa perte à un certain nombre de prérogatives de secrétaire général qui reviendraient au VP de l'UGTA. Désarçonné par cette initiative qui a faussé grandement les calculs et les prévisions de Sidi-Saïd, ce dernier a eu pour réaction de temporiser les choses. D'où la suspension de séance durant la tenue du congrès. Mais pas seulement. L'effet de surprise a contraint aussi Sidi-Saïd à reporter l'élection du secrétariat national. Quid du poste de vice-président ? Pour riposter à cette imposition d'une vice-présidence à son poste, Sidi-Saïd a plusieurs options devant lui : la première est de laisser le poste de vice-président vide, la seconde est de déclarer la vice-présidence de l'UGTA comme étant un poste simplement honorifique et la troisième étant que la désignation du vice-président est une prérogative qui échoit à Sidi-Saïd lui-même. NADIA MELLAL