Un joueur amateur n'a pas à être payé, et surtout pas avec l'argent de la subvention de l'Etat. Décision grave que celle qui a été annoncée par le président de la Fédération algérienne de basket-ball, Rabah Bouarifi, par laquelle il avance qu'il est possible qu'on aille vers la suspension des championnats nationaux de basket-ball, de volley-ball et de handball. Le motif d'une telle initiative est lié au fait que les athlètes évoluant dans ces trois sports collectifs ne doivent plus être payés avec l'argent versé par l'Etat aux clubs. Il faudrait, ici, ouvrir une parenthèse pour se demander pourquoi ces trois fédérations ont mis autant de temps à réagir alors que la disposition réglementaire dont il est question date de presque une année puisque contenue dans le décret exécutif relatif aux clubs amateurs paru dans le Journal officiel du 25 février 2015. Ce texte indique en son article 6 : «est interdit le changement de destination par le club amateur d'une subvention publique de l'Etat ou des collectivités locales sans l'accord express de l'administration chargée des sports sans en avoir informé et recueilli l'avis de la collectivité ou de l'organisme ayant octroyé la subvention. Aucune rémunération, indemnité, ou prime attribuée à un sportif du club sportif amateur ne peut être puisée dans les subventions publiques de l'Etat ou des collectivités locales accordées au club sportif amateur sous peine de sanctions prévues par la législation et la réglementation en vigueur. » En dehors du football, qui a instauré le professionnalisme, avec l'introduction, dans le système, de 32 clubs, tous les autres disciplines sportives ont une vocation amateur. Leurs clubs sont donc à but non lucratifs, à savoir qu'ils ne génèrent pas de bénéfices. Ils ne vivent que de l'argent de l'Etat. Cette situation les oblige à ne pas payer leurs athlètes, considérés, eux aussi, par la règlementation, comme amateurs. Or ce n'est pas ce qui se passe puisqu'il s'avère qu'ils sont payés et comme les clubs n'ont d'autres ressources que celles de l'Etat c'est dans cet argent qu'ils puisent pour les rémunérer. Dans le fond, l'autorité publique a raison : on ne peut pas payer quelqu'un dont le statut juridique indique qu'il ne fait pas de sport à titre professionnel. Dès qu'un athlète est rémunéré il devient un salarié de son club et se doit d'être déclaré pour cotiser à la CNAS et payer ses impôts. Si cette démarche n'est pas respectée cela veut dire qu'il perçoit de l'argent de manière illégale et ce qui complique la situation c'est que cet argent émane du Trésor public. Il est clair que les trois sports concernés par cette histoire vivent une situation des plus délicates sur le plan financier. Il s'agit de disciplines qui ne génèrent pas de ressources financières. L'accès aux salles, les jours de matches de championnat, est gratuit vu le nombre réduit de spectateurs. Les clubs ne peuvent inciter des sponsors à les aider du fait que ce sont trois sports qui ne sont pas médiatisés suffisamment. Les sponsors n'affluent que conjoncturellement quand ils apprennent qu'une rencontre va être télévisée en direct. Si le basketteur, le volleyeur ou le handballeur sait qu'il ne sera pas payé, il se retirera d'où la mort de la discipline. Un vrai casse-tête pour les trois fédérations en question mais surtout pour le ministère de la Jeunesse et des Sports qui va devoir trouver des solutions pour le résoudre.