Face au laxisme de l'administration qui continue de faire la sourde oreille à ses innombrables requêtes à travers lesquelles il dénonce la gestion du président d'APC, Smail Mira en l'occurrence, le groupe d'élus contestataires a décidé de mettre à exécution sa menace de bloquer l'Assemblée populaire communale. L'annonce a été faite samedi lors d'une rencontre avec la presse organisée par ces élus au siège du Centre de documentation des droits de l'homme de Béjaïa. Les opposants issus des rangs du FFS, Ahd 54 et de la liste indépendante du maire, soit dix (dont un est suspendu et un autre récemment décédé) élus sur les 19 que compte l'assemblée, ont d'emblée tenu à rappeler que l'adversité qu'ils affichent à l'égard du maire n'est «ni d'ordre politique encore moins d'ordre personnel, comme s'entête à le distiller le président de l'APC à travers la presse». Et de s'attaquer ensuite à la gestion de Smaïl Mira dont ils résument les griefs qu'ils retiennent contre lui dans un document adressé au wali en date du 10 novembre 2015. Ces points au nombre de huit vont de «la gestion anarchique, unilatérale, opaque et clientéliste» au «non respect de la réglementation (code communal, code des marchés) et atteinte à la souveraineté des commissions en passant par le «retard dans la réalisation des projets». Ces griefs portés à sa connaissance, le wali a dépêché aussitôt une commission d'enquête mais dont les conclusions restent inconnues, selon les conférenciers qui soupçonnent le maire «de jouir de l'impunité auprès de l'administration», disent-ils. Les élus portent de graves accusations en matière de consommation du budget de fonctionnement de la commune dont une grande partie «a été engloutie dans l'aménagement du logement de fonction du maire, alors qu'il était destiné à l'acquisition d'équipements pour le service de biométrie». Les élus contestataires n'ont pas manqué de soulever également l'acharnement dont ils font l'objet de la part du P/APC qui instrumentalise la justice et l'administration afin de les réduire au silence. «Le cas le plus flagrant de cette instrumentalisation de l'administration est celui de l'élu Naït Mohand Nasser qui a vu débarquer dans son exploitation avicole une armada de contrôleurs tous secteurs confondus (gendarmerie, service d'hygiène, DCP, DSA…) sur instruction du maire dans le but de le faire fléchir», affirme Tarek Assam. Pis encore, ajoute le concerné, documents à l'appui, «le maire est allé jusqu'à faire annuler un permis de construire obtenu dans le cadre de la loi 08-15 portant régularisations des constructions illicites et pour lequel j'ai déboursé 45 000 DA. Même l'ancien maire, Bouzid Amara, décédé cette semaine d'un arrêt cardiaque, Khelifati Lounès, Amghar Aziz et Amirouche Oulhadj, tous élus dissidents, ont subi des menaces au sujet de leurs activités commerciales, soulignent les conférenciers. L'administration n'a pas échappé non plus aux critiques de ces élus contestataires qu'ils accusent de pratiquer la politique du deux poids, deux mesures à propos de l'application de l'article 43 du code communal qui stipule que tout élu poursuivi en justice doit être suspendu de ses fonctions électives. Les opposants au maire, tout en déplorant le blocage le l'APC devenu effectif depuis le 27 décembre écoulé, estiment que «les dissensions sont telles qu'un consensus ou une cohabitation ne sont guère envisageables». Le wali sollicité Aussi en appellent-ils au wali pour «prendre les décisions qui s'imposent en pareille situation», car «la situation est dangereuse et peut être à l'origine de violences aux conséquences fâcheuses», avertissent-ils. Pour rappel, les six élus indépendants aujourd'hui en fronde dans la coalition contre Smail Mira ont été élus sur la liste conduite par ce dernier qui avait raflé la majorité lors des municipales de 2012. Le fils de l'ancien baroudeur de la Wilaya III historique, le commandant Abderrahmane Mira, règne sur la commune de Tazmalt depuis un quart de siècle. Son retour aux affaires locales après l'intermède d'un mandat à l'APN (2007-2012) a été plutôt bien accueilli à l'époque, aussi bien par ses partisans que par ses adversaires politiques lesquels ont même accepté que certains des leurs, et pas des moindres, figurent en bonne position dans la liste «correction de la trajectoire» dirigée par l'actuel maire.