Pour un agriculteur exploitant 40 hectares destinés souvent à la céréaliculture dans la plaine de Mlata, il n'y a pas de doute, la saison est bel et bien compromise. La plaine de Mlata, à cheval entre la wilaya d'Oran et de Temmouchent et s'étalant sur 50 000 ha de terres agricoles, est réputée pour la production de céréales. Notre interlocuteur, qui pèse ses mots, estime que ce périmètre est sinistré à au moins 90%. Et d'expliquer que toutes les surfaces à régime pluviométrique accusent le coup de la sécheresse qui sévit depuis des mois. Il avancera l'exemple du Maroc qui vit pratiquement la même situation que nous et qui a déjà déclaré officiellement l'état de sécheresse. «L'ouest algérien est dans la même situation que notre voisin», souligne-t-il. S'agissant de son cas particulier, il nous dira «j'essayerai le forage naturel au cas où il ne pleut pas dans les jours ou les semaines à venir». Le point de vue de cet agriculteur n'est pas celui du responsable de la production au niveau de la Direction des services agricoles (DSA) d'Oran. Pour lui, la question est presque administrative. «Tant que la tutelle n'a pas décrété l'état de sécheresse, je ne peux rien avancer», nous dira-t-il. Cependant, notre interlocuteur affirme qu'uniquement 58 ha sont irrigués sur une surface globale de 54 000 ha. A Oran, si on se réfère aux données qui nous ont été fournies par ce responsable, la céréaliculture prédomine, puisqu'elle occupe plus de la moitié des 92 000 ha, le total des terres agricoles de toute la wilaya. Le maraîchage qui bénéficie de l'irrigation s'étale sur une surface de 4800 ha et l'arboriculture sur 11 990 ha. Si l'espoir est toujours permis pour ces deux dernières activités, la saison des céréales est compromise, estime un autre cadre de l'agriculture qui a requis l'anonymat. Il reste l'oléiculture, avec 7900 ha, où la situation est encore rattrapable. La floraison est pour bientôt, nous explique-t-on. La question de la sécheresse vient de remettre sur le tapis le problème de la STEP (Station d'Epuration d'El Karma) connaissant panne sur panne. Initialement, cette station devait assurer l'irrigation de 8000 ha dans un premier temps. Mais à cause du mauvais choix du terrain de son installation, des fissurations des bacs ont obligé ses gérants à déverser les eaux usées dans la nature. Dès son entrée en fonction, elle traitait 105.000 m3/jour sur une capacité initiale de 270 000 m3/jour. Du côté de la Chambre de l'agriculture, le sujet de la sécheresse ne semble pas être la priorité, si on en croit les propos d'un de ses responsables diffusés sur les ondes de la radio locale El Bahia. Le forcing actuellement de cette chambre vise à ramener les fellahs à renouveler leur carte et dans un second temps à se rapprocher des services de la Casnos pour s'acquitter de leurs cotisations. Ce sont les instructions données par le ministre de l'agriculture lors de sa dernière visite à Oran.