La sécheresse risque durement de frapper la majorité du pays. Bachir, Arezki et Mohammed, trois agriculteurs, prédisent une récolte saisonnière catastrophique. L'absence de précipitations privera, disent-ils, des milliers de personnes de plusieurs légumes qui se cultivent essentiellement entre janvier et avril. Les agriculteurs ne cachent pas leur désarroi. «Le risque de sécheresse qui perdure nous fait vraiment craindre le pire. On ne sait plus à quelle porte frapper. La pénurie d'eau sera plus importante qu'on le suppose. L'irrigation des champs de pomme de terre dépend essentiellement de l'eau de pluie. On est à la merci de dame nature. C'est le cas d'une bonne partie de fellahs de notre région. Pour éviter des calamités similaires à l'avenir, je pense que l'Etat doit investir davantage les eaux de barrage et même les nappes phréatiques», nous confie Arezki, agriculteur à Boumerdès. A Biskra, Bachir peine à nourrir ses bêtes. Eleveur de bovins, il n'a de cesse de remplir des citernes d'eau et d'acheter des ballots de foin. «Je ne peux pas tenir encore longtemps à ce rythme», lance-t-il. Un peu fataliste, l'éleveur pense même vendre ses bêtes avant l'arrivée de la saison estivale. «Je n'ai pas d'autre choix pour l'instant. Nous ne recevons aucune aide en ces temps de disette», soutient-il, désespéré. Même topo chez Mohammed. «C'est du jamais-vu», dit-il. Pour limiter sa consommation d'eau, puisée de son puits, et la préserver pour l'été dans le cas où la sécheresse s'abattrait sur le pays, il utilise de l'eau récupérée de son foyer.