C'est un florilège de couleurs dominantes émanant d'une palette vive aux tons ardents qui émane de l'exposition d'art pictural de Mahieddine Saïdani à la galerie Aïcha-Haddad, à Alger, du 5 au 22 octobre à la galerie Aïcha-Haddad à Alger. «Cette exposition intitulée «Rétrospective» rassemble des toiles de 1969 à 2015 pour montrer les différents événements qui ont influé sur ma peinture», indique l'artiste chevronné qui comptabilise 46 années d'art pictural. A l'évidence, c'est une peinture frétillante qui enchante l'œil. Ce qui surprend agréablement, c'est cette capacité de l'artiste émérite à engranger toutes les régions d'Algérie. Il nous invite à une grande randonnée à travers le territoire national. Du Sud à l'Est, du Centre au Nord et à l'Ouest, il balade son pinceau au gré de ses envies et décrit avec une précision d'orfèvre chaque coin du pays. Sa palette colorée à souhait traduit avec engouement les superbes sites et panoramas de nos belles contrées. Mahieddine Saïdani est un passionné de son pays et un amoureux de la nature. Il hume chaque recoin, prend le pouls de chaque ville, découvre chaque paysage et honore avec fougue cette belle nature à profusion. Nationaliste à souhait, il dépeint avec frénésie et exaltation chaque paysage, chaque village et chaque ville. Ses divers titres dont «Une porte neuve» «Presse à l'huile», «L'affrontement» et «Sidi Brahim»renvoient à ses préoccupations lestées au patrimoine, aux coutumes et aux régions. Mahieddine est le peintre de l'Algérie plurielle et multiple. Abhorrant le régionalisme, il veut rallier par son art toutes les populations et évoquer toutes les contrées du pays. Natif de la Casbah, il semble n'avoir aucune prédilection. Tout le fascine et le ravit. Il se définit comme «peintre anti-régionaliste de tradition algérienne, je reflète le passé, le présent et l'avenir d'un pays par sa peinture». Son credo, opter pour peindre toutes les traditions de toutes les contrées. «Un artiste ne doit pas se limiter à Alger seulement», précise-t-il. Cette voie est un challenge auquel le plasticien tient et y reste rivé. La dernière corrida De visu, ses compositions sont empreintes d'intensité et de robustesse. Sa peinture pleine d'ardeur revisite toutes les contrées et au gré de ses humeurs, l'artiste les honore et les glorifie. Tout est prétexte pour capter et figer chaque moment et chaque région pour les rendre pérennes par son talentueux pinceau. Pérenne dans ses souvenirs mais aussi dans la mémoire collective qui détermine notre identité. Pour le plasticien, «c'est une manière de transmettre aux jeunes qui n'ont pas connu cette époque», dit-il. Des réminiscences ? Il en a beaucoup et particulièrement une qui le fait remonter à l'année 1955 à Oran. «J'ai assisté aux dernières corridas dans les arènes de la capitale de l'Ouest», dit-il. En témoignent des tableaux montrant cette pratique si prisée à une époque par les Espagnols dans cette cité. Ces deux toiles de corridas sont admirables et plaident pour son irréprochable savoir-faire. Dans les toiles relatives à la corrida, son tracé reflète une impeccable maîtrise du mouvement. Le taureau, avec les banderilles qui pendouillent et le sang, semble réel tant la précision est de mise et la couleur au summum. Les corridas de Mahieddine sont sublimes et traduisent son art consommé. Le patrimoine La nature est-elle sa seule tasse de thé ? Pas seulement. L'artiste est aussi un fervent du patrimoine et des us et coutumes. Ses toiles relatives au patrimoine racontent avec une lucidité et un réalisme surprenant les usages des multiples contrées. La Casbah est magnifiée par la dextérité et la virtuosité de Mahieddine. Son assortiment de couleurs savamment agencé concède au tableau une intégration intense. Ses tons luminescents rendent avec authenticité ses lieux. Mahiedddine a une palette intégrée dans les camaïeux. Le Sud charme et enchante notre plasticien qui a su apprivoiser ses couleurs où le bleu du ciel limpide se dispute au beige et à l'ocre des dunes. Ses cavaliers ou méharis sont magnifiques et ses teintes transcendent la réalité. Dans ses compositions, il a su redonner cette luminosité et cette vacuité des espaces immenses. Sa palette plurielle conjugue les tons éthérés et vaporeux aux nuances vives et illuminées. Certains tableaux sont d'un éclat rutilant qui capte l'attention. Alors que d'autres, avec leurs couleurs aériennes, sont évanescents. Mais ce qui ressort de la peinture de Mahieddine c'est cette force et cette solidité de l'œuvre. Quand le plasticien évoque sa peinture, il sait de quoi, il parle. Il en discourt avec exaltation. Sa longue expérience dans ce registre pictural lui concède une maîtrise de technique exceptionnelle et lui assure cet assemblage harmonieux de chromatiques dont il a le secret. L'originalité de cet artiste peintre réside dans sa manière de poser les couleurs par à coups et avec plusieurs aplats, ce qui concède à l'œuvre un certain relief. D'où cette puissance qui émane de l'ensemble de son œuvre sublime. Sa technique est originale. Peinture à l'huile et acrylique ont la primauté mais pas seulement. Le plasticien expérimenté utilise de la chaux ce qui donne une impression de réel. «Ma technique varie en fonction de la thématique et parfois l'utilisation du mauve m'aide à assortir toutes les ombres et les lumières», signale-t-il. De visu, ces toiles sont magnifiques et l'on est en face d'un grand professionnel. Diplômé de l'Ecole nationale d'architecture et des beaux-arts d'Alger en 1969 (première promotion), il est membre de l'Union nationale des arts graphiques(UNAP), de l'Union des peintres africains et membre honoraire de l'Union des artistes plasticiens européens. Ses expositions ne se comptent plus. Il a à son actif diverses activités notamment de décoration urbaine de la ville d'Oran, de restauration du palais du dey, et du palais Mustapha Pacha d'Alger. Il est indubitable que ce plasticien de renom, qui a une longue carrière dans ce registre artistique, a une touche personnelle particulière qui fait son succès. Une exposition à ne pas rater.