Pas moins de 284 affaires ont été enregistrées durant le premier trimestre de l'année 2009, relatives au trafic de stupéfiants à travers les 15 wilayas de l'Est où a été effectuée la saisie de 106,76 kg de drogue et de 8550 cachets de psychotropes. 452 individus ont été arrêtés. Ce bilan a été présenté lors d'une conférence de presse animée hier par le colonel Ali Torche chef du commandement de la 5e Région de la Gendarmerie nationale qui a souligné que la modernisation de ce corps est devenue «nécessaire» pour une mise à jour conforme aux transformations en cours dans le pays et dans le monde, dans le domaine de la lutte contre le crime organisé. Par ailleurs, Constantine, selon le même bilan, est classée première en matière de trafic de psychotropes avec 4457 comprimés saisis, avant Guelma et Skikda. Ce record qu'elle détient ne date pas d'hier. Depuis plusieurs années, Constantine est devenue une véritable plaque tournante de ce trafic, et les bilans de la gendarmerie ne font que confirmer cette règle. La brigade de recherche du groupement de Gendarmerie nationale a mis en évidence l'existence d'un réseau de trafic à Constantine spécialisé dans la commercialisation illicite de psychotropes. Plusieurs sociétés de distribution de médicaments implantées à Constantine sont parvenues à écouler en l'espace d'une année 20 millions de comprimés de Rivotril en 2007. Les quantités de Rivotril cette fois-ci ne sont pas importantes, selon le bilan de la gendarmerie. Sur un autre volet, des pharmaciens hospitalo-universitaires attribuent l'ampleur du phénomène à l'existence de plus de 200 grossistes à travers le pays, dont 79 installés uniquement Constantine et qui exercent en toute impunité sans ordonnanciers ni contrôle. Il est à préciser que dans ce genre de trafic, les pharmaciens d'officine sont souvent mis à l'index, alors qu'ils ne constituent en réalité que le dernier maillon d'une grande chaîne; le problème de la commercialisation des psychotropes les dépasse pour atteindre les grossistes qui gèrent des grandes quantités. Le problème de la facturation a rendu la tâche difficile aux enquêteurs pour recourir à la traçabilité de l'opération. Y a t-il une faille dans la législation ? En effet, la loi en vigueur, notamment la 04-18 promulguée le 25 décembre 2004, relative à la prévention et la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes , est considérée comme dépassée par les spécialistes en pharmacie et il serait temps de mettre en exergue l'article 16 de cette loi, qui condamne de 5 à 15 ans de prison assortis d'une amende de 500 000 DA à un million de dinars, tout pharmacien qui délivre des médicaments psychotropes sur présentation d'une fausse ordonnance. Quant aux fausses ordonnances, le dispositif législatif introduit récemment en Algérie permet au juge des mineurs ou au juge d'instruction de placer les consommateurs n'ayant pas atteint l'âge adulte dans des centres de désintoxication.