Faire du shopping sans déplacement et à un simple clic est désormais possible en Algérie ! La révolution «internet» bouscule les habitudes traditionnelles du commerce. Des centaines de pages sur facebook proposent toutes sortes d'articles, vêtements, chaussures, maquillages et accessoires à des prix, parfois, exceptionnels. Tour d'horizon au cœur d'un rayon de magasin virtuel. Le dinar qui poursuit sa dégringolade et l'euro qui s'envole à 192 DA (change parallèle) fait, qu'aujourd'hui, les commerçants augmentent leurs prix, affichant un simple pantalon, sans marque, à 3400 DA. Des prix exorbitants, effectivement, qui expliquent, en somme, pourquoi les boutiques du vêtement d'Alger comme celles des grandes villes du pays se vident de plus en plus. Seulement, cette situation ne semble pas décourager les accros au shopping. Ils trouvent désormais leur petit plaisir sur le net ! Oui, sur le net. Pas besoin de sortir de chez soi. Un microordinateur ou un simple smartphone suffit pour commander votre article. Quelles sont donc ces pages dont raffolent des centaines d'Algériens ? Qui sont ces personnes qui se cachent derrière ce marché ? Peut-on faire réellement confiance à ces petites annonces de vente ? Pour y répondre, nous sommes allées dénicher le nom de ces pages et nous avons recueilli les témoignages des utilisateurs. Si certains restent sceptiques devant cette pratique, beaucoup disent y avoir trouvé leur bonheur. Internet est plus que jamais fournisseur de bonnes affaires pour les consommateurs. Faire ses courses sur le net est une formule connue depuis plus de quinze ans aux Etats-Unis d'Amérique et depuis une décennie en Europe. Elle commence à être adoptée petit à petit en Algérie. Si, pour l'instant, les sites officiels de vente, à l'instar de Ouedkniss, ne sont pas nombreux, les pages créées sur le réseau social facebook poussent comme des champignons suivant le rythme du nombre d'internautes qui augmente chaque jour. Et pas besoin d'être un génie en informatique. Ce sont pour la majorité des cas de simples internautes désireux de vendre des articles neufs ou d'occasion qui publient des photos sur une page ouverte aux abonnés. Les propriétaires des pages proposent ensuite divers articles de vêtement à des prix moindres et… négociables. L'achat sur internet est, de plus, facilité par de nombreux comparateurs de prix (ils affichent le prix d'achat et celui de la vente) et par des réductions qui permettent aux clients de trouver des produits moins chers que dans une boutique classique. Simple, fiable et bon marché L'achat sur internet peut se résumer en trois mots : simple, fiable et bon marché. Une simple visite dans des pages à l'instar de «vêtements, cosmétiques et accessoires à bon prix» ou (Le grand marché pour la vente (les vêtements en Algérie) ou encore «vente très bonne occasion livraison hors wilaya»… Ceci indique que plusieurs personnes se sont lancées dans la vente de linge fripé ou neuf, de chaussures, de produits cosmétiques et offrent des occasions alléchantes. Les prix en ligne des vêtements pour femmes sont inférieurs de près de 20% à la moyenne du marché. L'écart est encore plus important sur le marché masculin, avec des prix moyens inférieurs de 30%. Pour les enfants, les prix des achats en ligne sont également inférieurs à la moyenne du marché, en raison de la moindre présence de boutiques de vêtements pour les bambins. Les deux catégories de produits les plus achetés en ligne sont dans la majorité des cas des vêtements (les grandes tailles souvent disponibles) et les chaussures. En effet, des vestes en cachemire, des blousons en daim ainsi que des tops (pulls) et des pantalons sont proposés à des prix défiant toute concurrence allant de 500 DA à 3000 DA les gros articles. On y trouve même des tenues de fête. Des tenues traditionnelles ou des robes de soirée de bonne occasion sont cédées à des prix abordables. De plus, les vendeurs avisent leurs clients si le vêtement a déjà été porté ne serait-ce qu'une seule fois. Internet est aussi un moyen efficace pour les nouvelles mariées qui veulent vendre ou louer leur tassdira (tenues de défilé de la mariée). Des caftans, des karakous, des robes kabyles sont proposés à des prix imbattables. «Il faut être abonné à ces pages pour dénicher des vêtements d'une excellente qualité à un prix très bas. On y trouve de tout pour tous et pour toutes les bourses», dira une jeune fille, la vingtaine, qui a fait plusieurs affaires sur facebook. «J'ai acheté récemment deux pyjamas neufs de 5 pièces à 2000 DA chacun alors que dans les magasins, ils coûtent 3000 DA», nous a-t-elle confié. «Pour les fêtes, on trouve de très bonnes occasions», lancera une dame, la quarantaine. Pour elle, facebook est «le meilleur moyen» de «dénicher les bonnes affaires». «Parfois, on y trouve des articles uniques qui ne sont pas offerts au niveau des magasins de prêt-à-porter», dit-elle. Ce commerce en ligne est devenu le moyen privilégié de toutes les catégories sociales désirant faire du shopping. Ces pages facebook sont prises d'assaut même par des gens plus ou moins huppés qui guettent les articles de marque. C'est le cas de Lamia, salariée dans une entreprise. «J'achète des vêtements neufs, en général, mais ça ne m'empêche pas de jeter un œil sur les pages facebook dans l'espoir de tomber sur un perle comme le caftan que je viens d'acheter à 15 000 DA, alors que dans les magasins, il fait le double même en période de soldes», a-t-elle confié. La location de vêtements de fête fait aussi un tabac sur ces pages. A titre d'exemple la page une internaute propose des caftans en location entre 3000 et 5000 DA tandis que dans les magasins, ces tenues ne sont pas cédées à moins de 10 000 DA la journée. Un business dangereux ? En un laps de temps nettement très court, cette formule de vente a fait de l'ombre aux boutiques classiques au grand dam des commerçants. Ils se plaignent déjà de «l'illégalité» de ces ventes car, disent-ils, les vendeurs sur le net ne paient ni impôt ni loyer. Qu'en est-il réellement ? Ce business peut être une arme à double tranchant, estime le président de l'Association des commerçants et artisans algériens, El Hadj Tahar Boulanouar. «Des personnes peuvent créer de faux profils pour faire croire aux internautes qu'ils ont des articles à vendre. Ils les attirent dans des endroits isolés pour les agresser et les dépouiller de leurs biens», prévient-il, pensant aussi que c'est un espace propice pour la vente des objets volés. «Les délinquants trouvent des difficultés pour vendre ce qu'ils volent alors ils recourent souvent aux réseaux sociaux», a-t-il expliqué. Devant cette situation, les commerçants appellent les pouvoirs publics à se pencher sur cette nouvelle activité qui a vu le jour en Algérie. «Le gouvernement doit encadrer ce commerce informel», a-t-il rappelé. «Avant de proposer des articles à vendre, les internautes doivent obtenir une autorisation et déclarer leurs biens», a-t-il ajouté. Toutefois, notre interlocuteur ne semble pas tout à fait contre cette pratique. Il estime, en effet, que le e-commerce peut réussir en Algérie s'il y a une bonne réglementation. «Les gens qui travaillent n'ont pas le temps de faire du shopping, donc si des sites sécurisés voient le jour, ils auront un grand succès», a-t-il prédit. Aujourd'hui, il faut le souligner avec force que le fait d'acheter sur internet est devenu un acte presque normal et banal pour une grande majorité des adeptes des réseaux sociaux ! Par Feriel Arab et Thanina Benamer