Le village d'Azzi, situé à quelques kilomètres au sud-est de la commune de Bechloul (18 km à l'est de Bouira), a plongé durant la journée de jeudi dans son passé glorieux de la guerre de libération nationale. À l'occasion de la journée du Chahid qui coïncide avec le 18 février, la famille révolutionnaire, les autorités locales et une foule nombreuse venue des villages voisins, étaient là pour l'inauguration d'une stèle portant les noms de quatorze valeureux martyrs de cette région. La stèle est érigée sur une colline d'où les moudjahidine guettaient les déplacements et les mouvements de l'armée coloniale. Avant d'en arriver à l'inauguration de ce monument, il a été question surtout de lever le voile sur le passé révolutionnaire de ce village. Une étape importante de la guerre de libération qui mérite d'être dépoussiérée. Car, il faut bien le dire, dès la première année de la guerre, ce village a joué un grand rôle. Le premier refuge de moudjahidine a été constitué dans cette localité. C'était au domicile de Tamezought Hammouche Ben Mohamed, un ancien militant du PPA. Le choix s'est porté sur cette maison d'abord pour son emplacement stratégique et la grande confiance qu'inspirait la personne de Tamezought Hammouche. «En 1954, les premières réunions de moudjahidine se tenaient dans cette maison. Ils étaient à chaque fois en groupe de quatre à cinq personnes», raconte Mohamed, le neveu de Hammouche, qui était âgé cette année-là d'à peine 14 ans. Plusieurs opérations étaient dirigées à partir de ce refuge, témoigne-t-on. En 1955, les combattants de l'ALN s'organisaient de plus en plus. «Les moudjahidine sont venus durant l'année 55 et ils nous ont tous rassemblés dans un endroit situé à des centaines de mètres de notre maison. C'est à partir de là qu'ils ont commencé à engager des moussebline. un premier groupe de 12 personnes a été déjà constitué à ce moment-là. Les moudjahidine avaient appelé ensuite à collecter tout ce qui pouvait aider la révolution : fonds, nourriture, armes, munitions, etc. Toute la collecte était acheminée vers le refuge et à partir de là le ravitaillement était redistribué à travers plusieurs maquis de l'ALN», poursuit Mohamed. «Il arrivait que cette maison accueille jusqu'à 80 combattants. Ils venaient régulièrement pour se nourrir et se reposer. par temps de pluie, ils rentraient tout mouillés. Nous allumions toutes les cheminées de la maison pour qu'ils puissent se réchauffer et sécher leurs vêtements», ajoute-t-il. Il faut souligner que ce village était un transit pour plusieurs sections de combattants de l'ALN. De hauts gradés comme Ouamrane, Si L'Bachir, Si Lakhdar, etc., sont passés par là. Ainsi, plusieurs combattants dont la majorité est tombée au champ d'honneur ont été enrôlés dans les rangs de l'ALN dans ce refuge. Le rôle des femmes durant les longues années de la guerre a été salué. «Ce sont nos femmes qui préparaient à manger pour les dizaines de combattants qui venaient chez nous. Ce sont elles aussi qui lavaient leurs vêtements», témoigne encore Mohamed qui ajoute qu'avant que l'armée coloniale ne débarque au refuge, une nuit de l'année 1957, des dizaines de moudjahidine y étaient. C'était la nuit où Hammouche Tamezought a été arrêté et conduit à un centre de torture à Ahl Laser, où il a été suspendu à une corde pendant quinze jours. Il a été fusillé en 1957 par l'armée coloniale française. Une partie de la maison qui servait de refuge tient encore debout mais menace ruine.