Vingt-huit ans après sa disparition, la légende du chaâbi par excellence et l'immense maître... à penser de ce genre musical populaire, El Hadj M'hamed El Anka, sa voix (voie), son esprit et son précieux legs sont perpétués. Le riche répertoire d'El Hadj M'hamed El Anka est toujours aussi vivant à travers des reprises pléthoriques de son œuvre majeure. Son souvenir est toujours vivace dans les mémoires et ses chansons sont toujours prisées. L'illustre homme a quitté ce bas monde, en laissant derrière lui un héritage inestimable. Au-delà du parcours artistique et de la grande carrière qu'il a menée, El Hadj M'Hamed El Anka reste une référence pour plus d'un. D'aucuns oublieront ce personnage à la grande stature portant chéchia stamboul et qachabia chantant d'une voix éraillée des titres enivrants, dont entre autres El Hmem Li oualeftou, Ya dif Allah, Al Hamdou Lillah mabkeche listi'amar fi bladna. Le cardinal du chaâbi a donné une partie de sa vie à la chanson. Il a formé des centaines d'élèves au conservatoire d'Alger. Certains d'entre eux sont aujourd'hui des chanteurs connus, à l'image de Mahdi Tamache, H'cissen, Abdelkader Chercham, Kamel Bourdib et bien d'autres. L'ensemble de ses élèves ont même créé une association ankaouia qui œuvre dans la continuité du maître. Tous sont unanimes à affirmer que Hadj M'Hamed El Anka a jeté les bases du chaâbi. Pour les membres de l'association, « c'est plutôt un repère, un artiste complet qui a laissé un vide quelque part ». El Anka demeurera irremplaçable. Questionné un jour sur la relève, le maître aurait dit : « Personne ne sera comme moi. Il y aura quelqu'un de mieux que moi ou qui aura moins de capacité ». Ainsi, à l'initiative de l'Etablissement art et culture, une journée d'étude sera organisée, demain matin, à l'auditorium du complexe Laâdi Flici du Théâtre de Verdure. Intitulée « Le chaâbi, patrimoine, ville et perspective », cette rencontre comptera des conférences, des tables rondes sur la patrimoine musical, à savoir le chaâbi et le patrimoine matériel (la ville) qui seront animées par des spécialistes de la musique chaâbie, des écrivains et des journalistes. La soirée sera ponctuée par un concert animé par une pléiade d'artistes dont Abdelkader Chercham, Djamel Chaïb, Abdellah Guettaf, Mohamed Réda Charef et Mustapha Belahcen. Le lendemain, en soirée, à partir de 20h, la chanteuse de musique arabo-andalouse Nassima donnera un concert en hommage au Phénix de la chanson chaâbie. Incontestablement 28 ans après sa mort, El Hadj M'hamed El Anka continue de subjuguer une jeunesse qu'on a si souvent dit occulte. En témoigne le récent festival de chaâbi qui s'est déroulé au théâtre national d'Alger, qui a permis de révéler au parfum du jour des graines de star. C'est là le plus bel hommage qu'on pouvait lui rendre, car s'il y avait une seule préoccupation chez le maître, c'était incontestablement celle de la relève. El Hadj M'hamed El Anka, ce sont 50 ans au service de la musique, 360 q'cidate qu'il a magistralement interprétées et 130 disques qu'il a produit. L'artiste a fait entrer le chaâbi dans la légende.