«S'il parle de trêve entre nous deux, en tant qu'hommes, je lui réponds que je n'ai pas de problèmes personnels avec lui. Par contre, s'il parle de trêve politique, je ne peux pas lui faire confiance» ! C'est dans ces termes qu'Amar Saâdani, le secrétaire général du FLN, croyait trouver la réponse – riposte serait plus juste en la circonstance – à… l'offre de paix venue d'Ahmed Ouyahia, son frère ennemi du RND. On ne sait pas vraiment quand et pour quelles raisons les deux hommes, ou les deux partis – puisque c'est manifestement la même chose – se sont fait la guerre. Mais comme on n'arrête pas le progrès, l'innovation en l'occurrence consiste à passer directement à la trêve. De toute façon, personne n'attendait du FLN et son clone historique une quelconque confrontation politique. D'une manière générale déjà, il n'est pas dans leur «culture» d'opposer à leurs adversaires un programme, un discours ou un projet. Alors ils ne vont pas s'y mettre maintenant. Surtout pas en se tirant une balle dans la patte, le tout étant à qui fera le plus de zèle dans le soutien au «programme du Président» qu'ils sont censés avoir en commun, même s'il ne leur épargne apparemment pas de conjoncturelles guéguerres d'intérêt. Et s'agissant de guéguerres d'intérêt et de conjoncture, il y en a une qui se profile déjà et l'échéance est imminente, si l'on se fie à l'agitation de l'un et de l'autre et à la corde qui sous-tend son arc. N'est-ce pas qu'un remaniement du gouvernement est envisageable dans un proche avenir, avec la plus que possibilité de changement de Premier ministre ? Bien sûr, la communication à ce niveau-là étant ce qu'elle est, on n'est jamais sûr de rien. Il arrive même régulièrement qu'on entende la chose et son contraire là où on est censé parler de la même voix et les ballons de sonde prennent souvent le pas sur l'information. Mais à voir Saâdani et Ouyahia à couteaux tirés, au point de penser à… la paix des braves, on comprend qu'on ne s'affronte pas pour un sandwich. Le «patron» du FLN ne s'en cache d'ailleurs pas et dans l'absolu, il est dans son bon droit, de prétendre à la succession à Sellal. Si tant est que la succession est vraiment ouverte. Déjà annoncé par ceux qui sont dans le secret des dieux pour un énième retour au poste, Ahmed Ouyahia n'en pense pas moins. Sauf que lui «sait» comment les choses se passent et ne voit à ce titre aucune raison pour que change le modus operandi. Il est d'autant plus serein en raison d'une meilleure proximité du centre de décision. C'est sans doute ce qui fait que Saâdani, déjà installé dans d'agressives velléités, adopte un ton encore plus véhément. On comprend dès lors pourquoi il veut donner l'impression que ses divergences avec son «rival» sont plutôt d'ordre «politique». Sans pour autant nous dire lesquelles. Mais Ouyahia non plus ne nous dit pas quelle guerre il mène contre Saâdani, pour lui proposer une… trêve ! Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.