Intervenant dans un contexte régional marqué par de profondes inquiétudes liées au conflit libyen notamment, la visite du chef de file de la diplomatie russe, Sergei Lavrov, à Alger depuis hier, pourrait profondément redéfinir les cartes diplomatiques et reconstituer les équilibres géostratégiques en panne dans la région alors qu'une nouvelle intervention internationale en terre libyenne plane comme jamais. Alger et Moscou, dont les points de vue sur ce conflit convergent parfaitement, pourraient faire cause commune face aux promoteurs de la solution militaire en s'opposant clairement à toute intervention internationale. Alger, sur ce plan précisément, n'a pas manqué d'efforts en insistant sur une solution politique au conflit. Gageons que les acteurs libyens réussissent, mardi prochain, à constituer un gouvernement d'union nationale, sauf énième report. Tout compte fait, la diplomatie algérienne peut compter sur un allié de taille dans sa politique du voisinage voire son franc engagement pour une solution politique et pacifique des conflits internationaux. Hier, M. Lavrov a indiqué, dans ce contexte, avoir «beaucoup apprécié» les efforts qui sont déployés par l'Algérie pour résoudre les crises en Libye et au Mali et, de manière globale, dans la région du Sahel, affirmant que «nos analyses et nos approches dans la résolution de ces problèmes sont proches ou convergents. Lavrov a soutenu, par ailleurs, que les deux pays sont d'accord pour que le règlement de toute crise internationale s'appuie «sur les normes du droit international, la charte des Nations unies». Pour le diplomate russe, le respect de la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les Etats sont non négociables. «Il faut éviter qu'il y ait toute influence sur les politiques intérieures des pays.» Alger, un partenaire fiable Sur le chapitre syrien, où la Russie joue un rôle des plus importants, le ministre russe n'a pas manqué de souligner, ici encore, la convergence de vues entre Alger et Moscou. Il a affirmé que son pays était reconnaissant envers «nos amis Algériens pour le soutien qu'ils ont apporté au groupe international d'appui à la Syrie, coprésidé par la Russie et les Etats-Unis». Les arrangements au sein de ce groupe, approuvés par le Conseil de sécurité de l'ONU, visent «à alléger et à améliorer la situation humanitaire en Syrie, à mettre un terme aux violences et ce, avec le consentement de toutes les parties prenantes en passant par un processus inclusif qui vise à mettre en œuvre les résolutions 22 et 54 du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il ajouté. M. Lavrov a indiqué, en outre, qu'une «vision unanime s'est dégagée de cette réunion, soulignant la nécessité d'«accélérer le travail» en vue de résoudre le problème palestinien, en mettant en œuvre toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU. «Je suis persuadé qu'après ces négociations à Alger, nous allons pouvoir coordonner, de façon plus étroite, nos actions sur la scène internationale», a-t-il soutenu. Dans le discours du ministre des Affaires étrangères russe, les marques d'une nette convergence de point de vue entre les deux pays ressortent clairement. Particulièrement dans le domaine sécuritaire. La politique de l'Algérie sur l'antiterrorisme et son traitement à l'échelle nationale, régionale et internationale est très appréciée par les Russes. Précisément, sur ce point, Serguei Lavrov est allé jusqu'à indiquer que «nous apprécions positivement la coopération instaurée entre les administrations russes et algériennes». Il rappellera d'ailleurs la mise en place, depuis cinq ans, d'un groupe de travail interministériel pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. «Je suis persuadé que notre travail commun avec les partenaires algériens sur le chemin antiterroriste est appelé à faire un apport utile aux efforts conjoints de la communauté mondiale», a-t-il ajouté.