La visite du ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, prévue aujourd'hui dans la wilaya, est attendue avec impatience par la communauté universitaire locale. En butte à une crise multiforme depuis le début de l'année universitaire, la faculté Mouloud-Mammeri va-t-elle enfin retrouver la sérénité à l'occasion de la visite tant attendue du premier responsable du secteur, Tahar Hadjar ? C'est la question que se pose la grande famille universitaire de la wilaya qui espère voir enfin une issue à une crise qui a pris une ampleur telle que l'année universitaire risque d'être compromise. Cette visite intervient dans un moment crucial marqué par la montée au créneau de la Coordination de la communauté universitaire de Tizi Ouzou (CCUTO) qui regroupe le syndicat des enseignants (Cnes), des travailleurs (Snapap) et la Coordination des étudiants (Cle). Une visite à laquelle ces trois composantes de la CCUTO, pourtant largement représentative de la communauté universitaire de la wilaya, n'ont pas été appelés à assister. C'est ce que nous avons appris hier auprès de Samy Ould Ouali Hassani, coordinateur local du Cnes. «Nous avons appris la visite du ministre à travers des canaux officieux, aucun responsable au niveau local ou national ne nous a fait part d'une quelconque invitation pour assister à cette visite», nous confie-t-il au téléphone. Sans vouloir anticiper sur les résultats de cette visite, notre interlocuteur nous a informé qu'une réunion du conseil syndical était prévue dans l'après-midi d'hier pour débattre des suites à donner à la visite de Tahar Hadjar. L'attente de solutions Lors d'une réunion tenue le 19 février dernier, la CCUTO a dressé un tableau noir de la situation qui prévaut au sein de l'université de Tizi Ouzou, marquée depuis le début la rentrée universitaire par des grèves cycliques des enseignants et des étudiants, la fermeture de nombreuses facultés, des grèves de la faim et des marches nocturnes. Le manque de places pédagogiques, notamment au niveau du pôle de Tamda où certaines facultés ont dû recourir aux journées de samedi pour assurer des cours aux étudiants, l'insécurité au niveau de certaines résidences universitaires, le conflit qui ronge depuis plusieurs semaines la faculté des sciences économiques et de gestion, la montée au créneau des étudiants en droit qui réclament le maintien du Capa sont autant de problèmes qui rongent cette grande université qui compte plus de 50 000 étudiants répartis à travers les différentes facultés. Face à cette crise qui prend de l'ampleur, la CCUTO a tenu à dénoncer «la gestion à la hussarde et la fuite en avant érigée en politique par le premier responsable de l'université et son équipe» et aussi condamner «la fermeture des canaux du dialogue qui n'a fait qu'exacerber les conflits, sans pour autant faire régner l'ordre tant clamé». Dans son lourd réquisitoire, la coordination en question se dit convaincue que «c'est la fermeture de ces canaux de dialogue et l'absence d'un projet clair pour notre université qui sont responsables de l'expression violente que connaît sporadiquement notre université». Pour toutes ces raisons, les représentants de la CCUTO insistent sur l'urgence de la restauration de ces canaux de dialogue, la dotation de l'université Mouloud- Mammeri d'une charte consensuelle d'éthique et de déontologie remportant l'adhésion de toutes les composantes. La CCUTO insiste également sur l'urgence d'assurer la sécurité. Des étudiants dans les résidences universitaires qui sont devenus, selon elle, otages de «groupuscules qui se comportent en caïds dans une totale impunité». Devant une telle situation, il est certain que la visite de Tahar Hadjar aujourd'hui à Tizi Ouzou ne sera pas une simple villégiature. Il devra certainement appeler l'ensemble des composantes de l'université Mouloud-Mammeri à débattre à bâtons rompus afin de désamorcer la crise et sauver l'année universitaire, ou du moins ce qu'il en reste encore.