La visite du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-mon dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf, dans le cadre d'une tournée dans la région, ne s'est pas déroulée dans les conditions souhaitées par le responsable onusien. Malgré l'accueil chaleureux qui lui a été réservé au niveau du camp Smara par des milliers de citoyens, Ban Ki-moon a été contraint d'annuler le premier point de sa visite. Son véhicule a été carrément encerclé par des réfugiés exaspérés par l'impuissance de l'ONU à trouver une solution au conflit sahraoui. Ce qui a créé une grande anarchie que les agents de l'ordre sahraouis, en manque d'expérience et de professionnalisme, ont eu tout le mal du monde à maîtriser. Arborant les drapeaux du Sahara occidental, la foule a scandé des slogans en faveur du retour à la lutte armée pour arracher l'indépendance. Un message fort aux responsables onusiens qui peinent à forcer ou du moins à convaincre le Maroc d'appliquer les résolutions de l'ONU. Ainsi, Ban Ki-moon n'a pas visité l'école de Smara ni rencontré les jeunes comme prévu dans le programme officiel de la visite. Si certains estiment que cet «incident» porte préjudice à la cause sahraouie, d'autres le considèrent comme un acte positif qui servirait à attirer l'attention de la communauté internationale sur leur cas. N'ayant pas pu effectuer la première halte, Ban Ki-monn s'est dirigé directement vers la présidence dans le camp de Raboni où il a rencontré le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Ban Ki-moon «compréhensif» Après la rencontre, le SG de l'ONU a fait une brève intervention devant les représentants de la presse sans pour autant accepter de répondre à aucune question de leur part. Il a expliqué que sa visite dans la région vise quatre objectifs, qui sont l'évaluation de la situation au Sahara occidental, visiter la Minurso à Bir Lahlou tout en prévoyant une visite de son siège dans la ville occupée de Laayoun en juin prochain, voir de visu l'un des plus grands drames humanitaires, et enfin discuter de la situation sécuritaire dans toute la région. L'orateur a relevé que les deux parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario) n'ont enregistré aucune avancée qui puisse les satisfaire. Il réitère que l'organisation d'un référendum d'autodétermination est une demande du Conseil de sécurité de l'ONU. Ban Ki-moon qui dit avoir compris la colère des gens de Smara s'est engagé que son organisation œuvrera dans le sens de la reprise des négociations, déplorant la situation humanitaire alarmante dans les camps de réfugiés de Tindouf. Le SG de l'ONU n'a pas manqué d'appeler à mettre fin à cette situation, invitant la communauté internationale, notamment les pays donateurs à faire plus d'efforts dans ce sens. Il a annoncé, dans ce contexte, une réunion des pays donateurs au mois de mai prochain à Istanbul. Pour sa part, Mohamed Kheddad, coordinateur du Front Polisario auprès de la Minurso, qui a animé une conférence de presse juste après le départ de Ban Ki-moon, a indiqué que l'incident de Smara est l'expression d'une colère et d'une amertume contre l'ONU après plus de quarante ans de refuge et plusieurs années de non-application des résolutions des Nations unies. Rien que l'autodétermination Le conférencier a estimé que la visite du SG de l'ONU est importante dans la mesure où elle intervient à quelques mois de la fin de son mandat et que Ban Ki-moon présentera un rapport au Conseil de sécurité dans lequel les responsabilités de l'échec des négociations et de la non-application des résolutions onusiennes seront situées. Pour lui, cette visite est également importante dans la mesure où c'est la première fois qu'un secrétaire général de l'ONU visite les territoires libérés du Sahara occidental et ce, malgré tous les obstacles dressés par le Maroc. Affirmant que la solution proposée par le Maroc qui consiste en l'autonomie du Sahara occidental est catégoriquement rejetée, Mohamed Kheddad a indiqué que la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés a été abordée par les responsables sahraouis avec le SG de l'ONU. L'élargissement de la mission de la Minurso à l'observation de la situation des droits de l'homme ainsi que les richesses du Sahara occidental exploitées par le Maroc, ont été également soulevées lors des discussions. Ban Ki-moon qui a quitté les camps des réfugiés s'est rendu dans l'après-midi dans les territoires libérés du Sahara occidental où sont concentrées les forces armées du Front Polisario et les forces onusiennes de maintien de la paix (les Casques bleus). En définitive, les Sahraouis souhaitent que la visite du SG de l'ONU dans la région soit suivie par des actes concrets dans le sens de la résolution du conflit avec le Maroc. De notre envoyé spécial aux camps des réfugiés : Karim Aimeur