Les notes obtenues dans les matières scientifiques, mathématiques, sciences et physique, sont médiocres, voire catastrophiques. Une situation qui accentue la spirale de l'échec scolaire. Des interrogations s'imposent dans ce sens : est-ce que cette situation est due à la qualité des programmes enseignés, aux méthodes adoptées ou au désintéressement des élèves ? «80% des élèves, notamment de deuxième et troisième année secondaire, accumulent des notes éliminatoires», témoigne un enseignant de physique rencontré au lycée des frères Arroudj et Kheireddine-Barberousse à Alger-Centre. Plus explicite, l'absence d'une bonne base est à l'origine de cette situation. Un autre enseignant du lycée El Idrissi, place du 1er-Mai, tire à boulets rouges sur les parents d'élèves, démissionnaires. «La majorité des parents ne suivent pas la scolarité de leurs enfants», reproche-t-il. Pour cette enseignante de mathématiques dans le même établissement, la contradiction entre le contenu du manuel scolaire et la méthode que l'enseignant doit suivre est la cause principale de cette situation. «Les enseignants, notamment ceux nouvellement recrutés, trouvent des difficultés à dispenser leurs cours», soutient-elle. En revanche, les élèves ne cessent de déplorer le système de notation qui n'est pas en leur faveur. Selon des élèves rencontrés au collège Pasteur à Alger, certains enseignants sont vraiment trop sévères dans la notation. Le programme scolaire inadapté La politique adoptée dans le système éducatif est parmi les facteurs principaux de cette situation. C'est ce qu'avance Boualem Amoura, syndicaliste et professeur de mathématiques dans le secondaire. «Nos décideurs ont favorisé les matières littéraires au détriment des matières scientifiques», a-t-il souligné. Le volume horaire et les coefficients consacrés, notamment dans le cycle moyen, pour les matières dites scientifiques sont «insignifiants» et très réduits, selon lui. Ce qui a généré, ajoute le secrétaire du Satef, un désintéressement total chez les élèves. Le programme scolaire enseigné, favorisant davantage la mémorisation, a un impact négatif sur l'assimilation des cours, notamment les mathématiques. «Nos élèves n'ont aucun esprit d'analyse vu que le cours de logique est banni des annales scolaires», se désole le syndicaliste joint par nos soins. Un avis partagé par son homologue, Bachir Hakem, syndicaliste au CLA, notamment sur le point relatif au programme scolaire. «Ce programme qui encourage le «parcœurisme" est vraiment inadapté au niveau des élèves», reproche M. Hakem, également professeur de mathématiques au lycée Lotfi d'Oran. Remettant en cause le niveau des élèves qui se dégrade de plus en plus, il dira que cette situation ne concerne pas seulement ces matières. D'après notre interlocuteur, excepté 4 ou 5 bons éléments, la majorité sont «des fainéants», avec un niveau médiocre dans toutes les matières. Cette minorité est constituée d'élèves dont les parents sont des intellectuels ou ayant les moyens matériels d'assurer un excellent parcours scolaire à leur progéniture. «Cette catégorie a le privilège de surmonter les difficultés rencontrées à l'école», explique-t-il. Le primaire : une mauvaise base Par ailleurs, la faille commence à partir du premier cycle où l'admission dans le cycle supérieur, c'est-à-dire le collège, est basée sur la note de langue arabe. Une fois admis au collège, l'élève, incapable de lire et d'écrire, se retrouve nul et commence à manifester un désintérêt pour les matières scientifiques. La prolifération des cours particuliers durant ce cycle et le système de notation ont leur part de responsabilité dans «la médiocrité» du niveau. Selon le même syndicaliste, 95% et plus de 50% des élèves obtiennent des notes de complaisance. Mal orientés, 70 % d'entre eux qui sont inscrits en sciences naturelles et expérimentales dans le secondaire, se sentent complètement perdus. «Confrontés à la réalité, 100% des élèves se tournent vers les cours particuliers pour trouver des solutions à leur malheur», explique le syndicaliste. Avant d'ajouter que seulement 20% méritent cette orientation. C'est au cycle primaire que commence le problème, selon les parents d'élèves. «Les connaissances de base s'acquièrent à ce niveau», indique Khaled Ahmed, président de l'Union des associations de parents d'élèves (Unape). Alors, ajoute-t-il, «si l'élève est faible à ce cycle, il continuera de l'être au collège et au secondaire». Le niveau des enseignants, le programme enseigné et la méthodologie adoptée sont à l'origine des résultats catastrophiques enregistrés. L'enseignant formé en sciences humaines ne peut pas assurer des cours de mathématiques et la métrologie traditionnelle a accentué ce «malheur», selon le président de l'Unape. Pour avoir l'avis du ministère nous avons contacté son chargé de communication M. Cherfaoui, mais ce dernier était aux abonnés absents.