Rien ne va plus pour les habitants des chalets dans la wilaya de Boumerdès. Le procédé d'héberger provisoirement des familles en attendant la réalisation de logements n'a que trop duré. Après les longues années passées dans ces cabanons réalisés pour abriter les sinistrés du séisme de 2003, certaines familles viennent d'être relogées dans le cadre social, alors que d'autres attendent de l'être depuis des années «À l'époque, qui dit chalet dit logement à l'avenir. D'ailleurs, la plupart des familles ont été relogées en 2007, puis plus rien», tempêtent des habitants de chalets. Cet oubli a poussé certains à acheter ces cabanons, ce qui va donner naissance à un trafic de chalets. Des élus de plusieurs APC de la région se sont adonnés à ce business, ce qui n'a pas tardé à les écarter des assemblées élues, suite à des poursuites judiciaires. Pour rappel, près d'une trentaine de sites avaient été implantés au lendemain du séisme de 2003. Près de 15 000 chalets ont logé des sinistrés pendant que les pouvoirs publics entamaient la réalisation de logements pour les recaser. Mais ce qui avait été vu comme une aubaine a fini par devenir un véritable cauchemar, vu les retards dans leur réalisation. Aujourd'hui, les habitants de ces cabanons continuent de souffrir en silence. Les autorités ont tourné le dos aux familles croupissant dans des chalets devenus inhabitables. En 2011, une enquête sociale enclenchée par les services de la wilaya avait déterminé que ces maisonnettes sont devenues inhabitables. «Nos enfants ont contracté des maladies respiratoires à cause de ces chalets en préfabriqué», nous dira un père de famille du site de Koudiet Larayes, dans la commune de Legata. Ici, seule une quarantaine de familles attend d'être recasée dans des habitations en dur. «Certains chalets ne peuvent plus retenir les eaux des pluie», nous dira encore notre interlocuteur. Eaux pluviales et usées, une menace En ces temps pluvieux, beaucoup de familles vivent dans le désarroi, notamment dans le site de Bordj Ménaïel et celui des Issers sur la RN 68, à cause des infiltrations d'eaux pluviales. En sus, les habitants redoutent les incendies de chalets provoqués particulièrement par les chutes de tension électrique et les mauvais branchements. Plusieurs chalets ont pris feu durant les intempéries en raison des courts-circuits électriques, fort heureusement sans provoquer de drame. Dans la commune des Issers, le site des chalets se dégrade. En plus des chalets inhabitables, l'environnement immédiat des habitants s'est drastiquement dégradé. Des eaux usées coulent à ciel ouvert, alors que toutes sortes d'herbes poussent sans qu'aucune opération de désherbage ne soit lancée. Certains chalets sont menacés même par des glissements de terrain. La totalité des sites sont implantés sur des terrains agricoles et leur récupération permettrait de booster la production agraire. A Tidjelabine, le site des chalets risque de devenir une favela à la brésilienne. Des tas d'ordures sont jetés partout et ne sont pas collectés. Une menace pour la santé des habitants. Même les opérations de démantèlement des chalets après avoir relogé les familles dans des habitations en dur a provoqué une anarchie indescriptible, surtout lorsqu'on sait que le démontage de chalets se fait avec des rétro-chargeurs qui détruisent tout sur leur passage.