En perte de vitesse sur la question du Sahara occidental, le Maroc multiplie les manœuvres en espérant remettre la main sur un dossier qui décidément lui échappe de plus en plus. Dernière trouvaille du royaume chérifien, la décision de réduire les effectifs de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso). Ce qui signifie la fin de mission pour laquelle la Minurso a été créée. Cette décision intervient à un moment où le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon veut renforcer davantage cette mission. Le premier responsable des Nations unies, en plus de soutenir l'option de l'autodétermination, a annoncé lors de sa tournée qui l'a mené au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, le 6 mars, la reprise prochaine des tournées de son envoyé personnel, Christopher Ross, en vue de relancer les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario. Une annonce qui, rappelle-t-on, a sonné comme un affront du côté marocain. S'ensuivent alors des prises de positions intimidantes et frontales à l'égard de l'ONU et de son responsable. Une marche monstre a été organisée au Maroc, la semaine passée, contre Ban Ki-moon himself. Depuis, les relations entre l'ONU et le Maroc se sont profondément envenimées. Ignorant les rappels à l'ordre de Ban Ki-moon, le Maroc semble vouloir chercher la confrontation. Hier, les autorités marocaines, déterminées à ne rien lâcher, ont réduit sensiblement la composante civile, politique et administrative de la Minurso. Commentant cette décision, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que «ce à quoi nous assistons est sans précédent». «Décision irresponsable» En effet, par cette décision, le Maroc ouvre un nouveau front contre l'ONU mais aussi aiguise les hostilités envers le peuple sahraoui. En effet, les retombées d'une telle décision risquent malheureusement de conduire à une situation d'impasse mais, pis encore, à la reprise de la violence dans les territoires occupés. Le ministre des Affaires étrangères sahraoui en est formel. Pour lui, une telle décision risque fort de relancer la violence. Mohamed Salem Ould Salek, tout en condamnant avec véhémence la «décision irresponsable» du Maroc de réduire les effectifs de la Mission des Nations unies, a mis en garde contre les conséquences qui en découleront. «Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario condamnent avec véhémence cet acte irresponsable de l'occupant (Maroc) et lui endossent l'entière responsabilité des incidences qui en découleront si elle est appliquée», a indiqué M. Ould Salek, hier, dans un communiqué. Le ministre sahraoui a affirmé que la décision du Maroc de réduire la composante civile, politique et administrative de la Minurso signifie «la fin de la mission pour laquelle la Minurso a été créée». «Par cette décision, le Maroc attise les tensions et pousse le peuple sahraoui à reprendre la lutte armée», a-t-il encore mis en garde. Le chef de la diplomatie sahraouie a rappelé que le respect par les deux parties du cessez-le-feu «est tributaire du référendum dont l'organisation a été confiée à la composante civile de la Minurso» en vertu de l'accord conclu entre les deux parties, sahraouie et marocaine, sous l'égide des Nations unies et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1991. Dans le même sillage, la partie sahraouie a lancé un «appel urgent» au Conseil de sécurité pour assumer ses responsabilités en tant que premier responsable de la Minurso et garant de la mission dont elle a été investie, à savoir l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental. «Le peuple sahraoui refuse que la Minurso se reconvertisse en protecteur de l'occupant marocain ou qu'elle soit limitée au seul maintien du cessez-le-feu au mépris des accords conclus entre les deux parties et des décisions de la légalité internationale», a indiqué encore le même communiqué.