Les participants au Forum international sur la vie et l'œuvre de Kateb Yacine ont affirmé, dimanche, que cet auteur s'est inspiré de l'ancienne forme théâtrale grecque pour sortir le 4e art des salles fermées et le porter aux plus larges classes populaires. Patrick Strasser, de l'université de Vienne (Autriche), a précisé que Kateb a utilisé «la technique de la choralité» répandue, comme base de travail dans l'ancien théâtre pour «toucher les diverses classes sociales et refléter leurs préoccupations et leurs malheurs». Définissant la choralité dans le théâtre comme «le recours aux chants, aux danses et à l'exécution de mouvements synchronisés par plusieurs personnes sur les planches», l'intervenant a détaillé que cette pratique était visible pour la première fois dans la pièce Le cadavre encerclé jouée en français pour la première fois en 1958 à Bruxelles (Belgique). L'universitaire a ajouté que la choralité dans les pièces de Kateb a été encore illustrée à travers les œuvres théâtrales Nuage de fumée, La femme sauvage et La poudre d'intelligence. M. Strasser a également mis en exergue les efforts de Kateb Yacine pour «transporter» le théâtre dans les espaces ouverts, les stades et les rues à la manière «des anciens festivals». De son côté, Saâd Berghal de l'université du Monastir (Tunisie) a axé son intervention sur les tentatives de l'auteur de Nedjma pour «réconcilier intelligentsia et populisme», estimant que le rapprochement vers les classes ouvrières a conduit à terme le dramaturge à abandonner «son butin de guerre» qui est la langue française pour écrire ses pièces en arabe dialectal. Organisé par l'association de la promotion du tourisme et de l'animation culturelle de Guelma, le forum sur le théâtre et théâtralité dans l'œuvre de Kateb Yacine (1929/1989) et dont les travaux se sont achevés hier au théâtre régional Mahmoud-Triki, a vu la participation de plusieurs universitaires nationaux et d'autres venus de France, d'Autriche, de Tunisie et du Maroc.