La célébration de la Journée mondiale de l'eau a été l'occasion de nous rendre au centre de traitement d'eau du barrage de Taksebt. Ce plan d'eau est devenu le principal sujet de discussion de la population de Tizi Ouzou, après la baisse inquiétante de son niveau d'eau. Et c'est tout naturellement que tout le monde cherche à se rassurer. M. Salah Abdous, responsable du centre du traitement Taksebt (SEAAL) nous a accueillis pour nous parler de l'état du barrage ainsi que de cette grande station de traitement d'eau qui permet de couvrir plus de 63% des besoins de la wilaya, en sus des 53% de la wilaya de Boumerdès. Par rapport à la situation actuelle du barrage, nous apprenons de ce responsable qu'il suit les orientations de la tutelle décidées le 15 février passé, à savoir de ne plus transférer l'eau du barrage vers l'algérois, dont le volume est substitué par le système SPIC, soit l'ancien système de Keddara qui alimente Alger depuis la fin des années 80. Il évoquera aussi les petits ajustements pour les localités de Tizi Ouzou et de Boumerdès. Le volume du barrage de Taksebt, d'après les derniers chiffres, était de 103,6 millions de m3, et ce, grâce aux dernières précipitations qui ont permis de renverser la vapeur. «Nous étions en logique de déstockage mais nous sommes revenus ces jours-ci à une logique de stockage. Ainsi, nous avons pu emmagasiner plus de 20 millions de m3 depuis la mi-février. Suite aux orientations de la tutelle, nous produisons plus de 160 000 m3 par jour», explique notre interlocuteur. Un système efficace
Le système de la SEAAL s'adapte selon les caractéristiques de l'eau brute emmagasinée dans le barrage dont la qualité varie selon le niveau. L'eau du barrage de Taksebt est de très bonne qualité durant une bonne partie de l'année, mais souvent le centre de traitement est confronté à certaines situations de pic, avons-nous compris. L'eau est récupérée à la base puis envoyée vers une grande station de pompage au pied du barrage. D'une capacité de 616 000 m3, elle assure son pompage vers la grande station de traitement qui, elle, a une capacité 605 000m3/jour, nous a t-on expliqué. On vérifie, filtre et désinfecte avant de transférer le produit final qui peut être consommé. A l'extrémité du processus de traitement se trouve un réservoir de stockage d'une contenance de 38 000 m3. Et immédiatement après commence le transfert vers le consommateur où le premier départ va vers l'Est (Freha et Azazga) dont la distribution est assurée par l'Algérienne des eaux (ADE) qui assure l'exploitation et la maintenance du système au niveau de ces deux localités. Ensuite intervient un autre système, actuellement en cours de finalisation, à savoir le piquage. Celui d'Azeffoun alimentera les quatre communes côtières de la wilaya. Par la suite, c'est le piquage de Bastos pour arriver un peu plus loin à celui de Tirmitine puis celui de Draâ Ben Khedda. La dernière prise sur le territoire de la wilaya est celle de Tademaït. Au-delà, ce sont les 11 piquages de la wilaya de Boumerdès. Le reste des eaux atterrit sur le système SPIC, précise-t-on. «La particularité de notre système, c'est qu'à la fin de la phase de traitement, l'eau est transférée sans usage d'aucune énergie. Tous les reliefs rencontrés ont été traversés par des tunnels, soit en tout quatre tunnels sur les 80 km du transfert qui totalise environ une dizaine de kilomètres», ajoutera M. Abdous.
Une lourde responsabilité
Le responsable du centre du traitement nous expliquera que produire de l'eau est une grande responsabilité, car c'est un produit alimentaire de très large consommation. «Nous avons la responsabilité de livrer une eau potable conforme à la réglementation. Nous n'avons pas le droit de donner une eau qui ne l'est pas, sachant que notre système produit environ un demi-million de m3 quotidiennement pour un réseau de dotation normale de 125 litres/jour par habitant. Si l'eau servie à la population est de mauvaise qualité, c'est la santé de plusieurs milliers d'habitants qui peut être affectée. Donc notre responsabilité est très lourde tant sur le plan de la qualité que de la quantité. Si nous privons en eau un jour ou deux une partie de la région, c'est gênant. Nous veillons à ce que notre système fonctionne régulièrement pour assurer continuellement la quantité et la qualité de cette ressource».