«Dépasser le handicap de l'environnement social en priorité pour cette catégorie», est le nouveau slogan adopté avant- hier, à l'occasion d'une cérémonie donnée au siège de l'APC de Constantine pour célébrer, même tardivement, la Journée nationale des handicapés. Des associations ont participé avec des dons, dont des chaises roulantes et autres accessoires indispensables aux personnes handicapées recensées à travers la ville, dont des fonctionnaires de l'APC. Selon l'avis de certains défenseurs des droits de cette catégorie sociale, «honorer une catégorie de la société n'est pas aussi symbolique que d'examiner le contexte de la réalité précaire de cette frange de nos concitoyens», a-t-on insisté. Actualiser les lois en vigueur en leur faveur est la réflexion partagée par nombre de ces activistes dans les droits des handicapés. La précarité doit être dénoncée, nous dit-on. «4000 DA par mois est la prime octroyée par l'Etat à un individu atteint d'un handicap de 80% à 100%. Une somme dérisoire entièrement dépassée». Autres mesures qui semblent favorables à cette tranche sociale, mais qui n'ont aucune répercussion dans la réalité : le billet d'avion offert aux invalides à 100%. «Un cadeau qui relève du mépris envers les autres malades», a estimé Fatima, adhérente d'une association locale pour les droits des handicapés. «Un invalide à 100%, croyez-vous qu'il se déplace en avion ? s'il le fait une seule fois dans sa vie, c'est déjà beaucoup». Pour certains, également, cette gratuité du billet d'avion devrait toucher des malades jeunes et autres pour les encourager à voyager et pas uniquement dans un contexte médical», s'insurge le Dr Bourouina. «Les handicapés qui veulent vivre comme les autres personnes, ces mesures spécifiques prises par l'Etat doivent bénéficier à tous sans tenir compte du handicap». L'occasion a été donnée, hier, pour discuter et débattre sans tabou du handicap. Ainsi, du point de vue de Benaloui Choukri, sociologue, ce n'est pas l'état du malade autant que celui imposé par l'environnement qui importe, mais ce sont les lois et les mesures prises par la société, au lieu de dire l'Etat, qui restent inconfortables du fait que la société dans son évolution sociopolitique vit également un handicap». Cette réflexion partagée par beaucoup trouve écho dans le regard archaïque et la prise en charge des handicapés, limitée au plan social. Considérer le handicapé comme un citoyen à part entière et lui donner ses chances pour s'imposer, voilà ce qui importe le plus. Les associations sont unanimes pour dire que les pouvoirs publics doivent trouver mieux en la matière. A faire en priorité respecter la dignité des handicapés à travers l'actualisation et la révision des lois en leur faveur.