Avant l'arrivée de Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, en Algérie, de hauts responsables politiques et militaires algériens ont tenu une réunion avec leurs homologues de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Si cette réunion, qualifiée de «haut niveau» dans un communiqué du Premier ministère, semble ordinaire à première vue, il n'en demeure pas moins qu'elle revêt un cachet politique particulier par la qualité des responsables présents et du timing choisi par ces derniers. Présidée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et son homologue de la RASD Abdelkader Taleb Omar, elle entre dans «le cadre des consultations algéro-sahraouies», indiquait le communiqué repris par l'APS. Mais, la présence du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'Armée Ahmed Gaïd Salah, et du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, confirme que derrière ce rendez-vous, il y a bel et bien des messages politiques à l'adresse, notamment du Maroc d'abord, et de la France ensuite, qui ne se gêne pas pour crier son soutien au régime du makhzen dans le conflit du Sahara occidental. Il est clair que le peu de détails fournis par la communication officielle, à l'issue de cette réunion, renseigne bien de l'importance des discussions qui ont eu lieu. Les concertations «ont porté sur les questions diplomatiques, sécuritaires et humanitaires d'intérêt commun», selon le communiqué. Comprendre que le conflit sahraoui était au cœur des échanges entre les deux parties, surtout en cette période où le Maroc s'est particulièrement «distingué» sur le plan international par sa croisade contre le secrétaire général de l'ONU, en visite dernièrement dans les camps des réfugiés sahraouis et à Bir Lahlou. En mobilisant autant de responsables politiques et militaires autour d'une réunion, et à la veille de la visite du chef de la diplomatie française, l'Etat algérien fait comprendre à son hôte d'aujourd'hui que le soutien à la cause du peuple sahraoui et à son droit à l'autodétermination est un principe non négociable. Il est un secret de Polichinelle que la France apporte toute son aide diplomatique au plan d'autonomie que propose le régime de Mohammed VI depuis 2007. Une thèse que tentera de défendre Ayrault auprès de Lamamra, puisqu'ils échangeront leurs vues sur «les questions d'actualité régionale et internationale d'intérêt commun, notamment celles ayant trait à la paix et à la sécurité», selon un communiqué du ministère algérien des AE. Le 10 mars dernier, rappelons-le, Romain Nadal, porte-parole du MAE français, a estimé que ce plan d'autonomie «constitue une base sérieuse et crédible pour une solution négociée». Pour des observateurs avertis, le fait de rendre publique la tenue de cette réunion et le degré de représentation qui l'a caractérisée est déjà un signal fort des autorités sur l'engagement de l'Algérie, Etat et peuple, en faveur du règlement pacifique du conflit du Sahara occidental dans le cadre des résolutions des Nations unies.