La rencontre nationale de l'opposition, hier à Zéralda, n'a pas tenu toutes ses promesses. Les partis membres de l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco) n'ont pas drainé les invités espérés. Il n'y avait ni les anciens chefs de gouvernement, Mouloud Hamrouche, Sid Ahmed Ghozali et Mokdad Sifi, et encore moins les moudjahidine, dont Djamila Bouhired et Lakhdar Bouregaâ.Même certains leaders des partis membres de l'Instance, comme le président du RCD, Mohcine Belabbas, étaient absents. Le plus vieux parti de l'opposition, le FFS, a, quant à lui, décliné l'invitation. Pour le reste, les travaux de la rencontre se sont déroulés comme prévu. Les intervenants ont fait, chacun à son tour, le procès du pouvoir, accusé de tous les maux de la société algérienne.Premier à prendre la parole, l'infatigable militant des droits de l'homme, Ali Yahia Abdenour. Il a chargé le système politique et les pouvoirs qu'il a engendrés depuis l'indépendance du pays. «Le pouvoir n'a pas respecté les libertés. Dans notre pays, la justice n'existe pas et c'est le pouvoir qui a créé la corruption», a-t-il lancé sous les applaudissements de l'assistance. Signe des divergences idéologiques des différentes composantes de l'Isco, Ali Yahia Abdenour a failli être sifflé par les islamistes lorsqu'il a plaidé pour la suppression du tuteur pour la femme en ce qui concerne le mariage. Cela, avant de céder la tribune au président de Talai El Houryiate, Ali Benflis. Ce dernier a réitéré son discours habituel fondé sur la vacance du pouvoir, estimant que la dernière révision de la Constitution a approfondi la crise du pays. Le réquisitoire contre le système politique devient plus musclé lorsque le président du MSP, Abderazzak Makri, a accusé ce même système d'être le seul qui peut conduire le pays à la dérive. Il a expliqué que son parti croit à la possibilité de réussir une transition démocratique négociée avec le système en place. Mais le premier problème qui se pose pour l'opposition reste la cohérence de sa démarche et les divergences de fond qui la traversent ainsi que son union, d'où l'appel d'Ali Yahia Abdenour à «s'unir les uns avec les autres et non pas les uns contre les autres». Ces divergences sont apparues dans le discours du représentant du RCD, Ouamar Saoudi, qui a appelé à la mise en place de mécanismes «qui n'ouvrent pas seulement la participation au grand nombre, mais aussi et surtout qui garantissent l'engagement, la constance et la loyauté de chacun autour du minimum commun qui nous rassemble». L'intervenant a souligné que l'opposition n'a pas pu construire le rapport de force nécessaire qui acculera le pouvoir à la négociation, en évoquant un malentendu au sein de l'Isco. «Ce malentendu est porteur des germes des infiltrations et des instrumentalisations des clans», a-t-il affirmé. Rappelant les objectifs de la plate-forme de Mazafran basée sur une période transition, l'orateur indique, faisant allusion au FFS, que des formations politiques exigent d'entrée un processus constituant pour entamer une nouvelle dynamique de construction institutionnelle. Or, a-t-il ajouté, «la phase de transition ne s'oppose pas par principe au processus constituant». «L'Assemblée, qui doit adopter une constitution, ne peut être le résultat d'autres élections préfabriquées. A l'inverse, la phase transitoire ne doit pas être une fin en soi. Elle devra prendre fin sitôt les garanties d'une élection régulière acquise et la certitude que les libertés fondamentales sont garanties et acceptées par tous», a-t-il précisé. En tout cas, la rencontre de l'opposition d'hier aura déçu plus d'uns et certains invités évoquent même une fracture prochaine de l'Isco.