Le cimetière chrétien de Sidi Bel Abbès est loin d'être le lieu idéal où les personnes de confession chrétienne, qu'elles soient algériennes ou étrangères, en prévision d'un repos éternel, peuvent élire leur dernière demeure. L'état de dégradation dans lequel se trouve cette importante nécropole de la capitale de la Mekerra est une véritable atteinte au droit des morts sur les vivants, celui du «respect», et cela en dehors de toute considération religieuse, qui d'ailleurs reste un élément valable et un mobile suffisant pour les profanateurs sans foi ni loi qui s'adonnent à leur lugubre besogne en quête de soi-disant bijoux qui seraient enterrés avec les défunts. Le cimetière chrétien de la ville est situé au quartier Village Errih (ex-Point du jour). Un endroit livré depuis quelques années aux mauvaises herbes et qui offre depuis un aspect de désolation. Une situation que condamnent non seulement les familles de ceux qui y reposent, mais aussi les riverains de cette nécropole. Selon les dires d'un habitant du quartier, la dégradation passée sous silence de ce lieu de culte résulte d'une «démission collective» des élus, tenus pourtant par des accords bilatéraux de préserver cet endroit. Le cimetière chrétien de la cité de la Mekerra, qui date du milieu du XIXe siècle, est l'un des plus importantes de l'ouest du pays et s'étend sur près de 2 ha. Subissant des actes de vandalisme répétés, le cimetière a été profané à maintes reprises. Au fond du cimetière, un carré a été en partie détruit par les crues de l'oued Mekerra, lors des inondations de 2001. La réalisation en cours d'une bretelle devant permettre de rallier le quartier Village Errih à partir de la route d'Oran a causé également d'énormes dégâts au mur d'enceinte situé à l'extrémité du cimetière. Un pan entier du mur a été démoli lors des travaux de terrassement. Plus grave, de nombreuses sépultures, des pierres tombales et des chapelles ont été réduites en ruine. D'autres demandent à être nettoyées et rénovées. Plus qu'un cimetière, mais un repère pour la ville, «ce lieu peut être réhabilité et conservé dans son état, à condition que la commune s'occupe des lieux régulièrement», dit un habitant du quartier.