La fermeture du siège de la daïra de Chemini par le collectif des étudiants des At-Waghlis en riposte au refus du responsable de cette institution de mettre à leur disposition la Maison de jeunes pour y tenir une réunion, relance la polémique sur la destination des structures culturelles et de jeunesse dans la wilaya. La mesure prise par le wali en septembre dernier interdisant toute activité autre que celles pour lesquelles elles sont destinées, avait, on s'en souvient, suscité de vives réactions de la société civile qui voyait en cet acte une «forfaiture» de plus à l'encontre de la libre expression. Le wali avait certes fait marche arrière par la promulgation d'un arrêté annulant le premier, mais le refus essuyé par les étudiants de Chemini démontre, si besoin est, que la mesure décriée est toujours en vigueur. Du moins son application reste ambivalente. A moins que ce soit tout le dispositif réglementaire relatif aux réunions et manifestations publiques qui est mal interprété. Dans l'énoncé des considérations ayant présidé à la promulgation de l'arrêté portant cette interdiction, le directeur de la culture avait cité à l'époque une correspondance à travers laquelle une association locale d'artistes lui demandait de protéger les édifices culturels en n'y autorisant que les activités culturelles. Les véritables motifs remontent à 2014, à la veille de la présidentielle, lorsque la maison de la culture Taos-Amrouche avait été partiellement saccagée par des manifestants à l'occasion d'un meeting d'Abdelmalek Sellal. «Ce zèle des pouvoirs publics à l'égard de citoyens responsables traduit en fait une volonté manifeste de museler l'action citoyenne par des subterfuges administratifs», dénonce un militant des droits de l'homme. «Il est regrettable pour le cas du collectif des étudiants de Chemini qui a souhaité débattre dans un cadre organisé de problèmes liés au transport, de voir les autorités se méfier de cette catégorie de citoyens», déplore notre interlocuteur. Righi Khellaf, directeur de la culture de la wilaya, se veut pour sa part très pragmatique et rappelle que concernant les réunions au sein des structures culturelles mises sous sa tutelle, elles obéissent aux anciens textes relatifs aux réunions et manifestations publiques. «Toute association politique désirant se réunir dans l'un de nos différents espaces culturels devrait au préalable s'assurer de la disponibilité de la structure choisie et solliciter ensuite une autorisation auprès de la DRAG, comme l'exige la réglementation», explique le responsable du secteur culturel de la wilaya.