Les prix de la pomme de terre ont flambé ces derniers jours dans les principaux marchés de la capitale. Si certains intervenants dans la chaîne du marché expliquent cette flambée par la fin de saison, d'autres considèrent que le problème est ailleurs. Il est notamment dans l'absence de régulation des circuits commerciaux et d'une véritable stratégie agricole. En effet, les mandataires expliquent cette hausse par la fin de saison et le surplus de productions qui a conduit les agriculteurs à leur perte. «La dernière récolte de la pomme de terre a été tellement abondante que les producteurs l'ont cédée à 10 DA le kilo. Elle s'est même vendu à 2 DA sur les champs», a précisé le directeur du marché de gros des Eucalyptus, Yousef Mestouri. Ce dernier regrette le manque de planification dans la production et le stockage de la pomme de terre. Il pointe du doigt le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), destiné au stockage du surplus de production pour éviter que les prix ne s'effondrent. Il se dit, toutefois, optimiste quant à la stabilisation des prix. «D'ici la fin du mois, les prix vont se stabiliser voir même baisser, car il y a une nouvelle récolte qui va venir», a-t-il fait savoir. Un autre mandataire se dit moins confiant. «Le prix de la pomme de terre va flamber de plus belle, surtout avec l'approche du mois de Ramadhan», estime M. Toufik Kerkar, producteur et mandataire au marché de gros des Eucalyptus. «C'est un problème de fond. A chaque saison,les agriculteurs se plaignent d'un surplus de récolte. Ils ne font pas de gains ! Cet aliment très prisé des consommateurs est parfois jeté aux ordures», a-t-il déploré. La pomme de terre, produite sur le littoral, est affichée à 50 DA le kilo dans les marché de gros, alors que celle récoltée dans les Hauts-Plateaux est cédée à 42 DA le kilo, selon notre interlocuteur. Ce dernier déplore le manque de main-d'œuvre dans le domaine de l'agriculture, dont la demande s'accroit d'année en année. «Les agriculteurs sont en voie de disparition», s'est-il alarmé. Ajoutant que «ce sont des commerçants de mauvaise foi qui contrôlent le secteur dont le seul but est le gain facile. C'est des spéculateurs qui courent derrière l'argent. Ils ne travaillent pas honnêtement pour garantir des produits de bonne qualité», a-t-il dit. Le manque de coordination entre les différents acteurs du secteur est aussi à l'origine de cette situation devenue une habitude. «Il n'y a aucune communications entre les ministères de l'Agriculture et du Commerce. Désorganisation des chambres froides Aucune stratégie agricole. Les producteurs sont livrés à eux-mêmes», s'est-il alarmé. De son côté, le président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), Hadj Tahar Boulanouar, explique la hausse des prix par la fin de saison. «La hausse des prix est due à la fin de saison de la pomme de terre arrivée de Oued Souf», a-t-il avancé. «Cette situation est temporaire, car la production de Aïn Defla et de Mostaganem ne va pas tarder à inonder les marché», ajoute-t-il. Hadj Boulanouar explique la hausse du prix de certains fruit et légumes par trois facteurs essentiels. Il en est ainsi, d'après lui, de l'insuffisance de la production par rapport à l'offre. «Le marché des fruits et légumes est déficitaire de 30%, surtout pendant les intempéries, car les agriculteurs ne peuvent pas récolter leurs produits», a-t-il indiqué. «Le second facteur est, a-t-il dit, le manque et la désorganisation de la gestion des chambres froides pour garantir une stabilité dans l'approvisionnement, car la stabilité dans l'approvisionnement garantit la stabilité des prix.» Hadj Tahar Boulenouar a évoqué en outre l'absence de marchés de proximité et de détail, ce qui fait que la différence entre le prix de gros et le détail est estimé entre 50 et 100%.