La thèse développée hier par le porte-parole et président de l'Association des mandataires (commerçants de gros), Mohamed Medjber, a de quoi alimenter davantage la controverse sur la flambée des prix de la pomme de terre. Elle met les « intermédiaires » au banc des accusés. Ils achètent la pomme de terre chez les producteurs et la revendent aux détaillants, créant ainsi un dérèglement sur la chaîne de distribution qui est, habituellement, constituée de trois maillons, à savoir le fellah (producteur), le mandataire et le détaillant », a relevé M. Medjber, lors d'un point de presse animé à l'APC des Eucalyptus (Alger). Les intermédiaires fixent les prix et placent la barre très haut, toujours selon la même source. Pour étayer ses dires, il citera l'exemple de la laitue cédée hier de 15 à 20 DA le kilo sur le marché de gros des Eucalyptus, alors qu'elle affiche 60 DA sur les étals des détaillants, soit 200% de hausse. La pomme de terre est cédée à 50 DA sur le même marché de gros, alors qu'elle est écoulée à 100 DA chez les marchands de détail d'Alger, soit 100% plus chère, a-t-il ajouté. Les prix de la tomate se situent entre 40 DA et 60 DA au niveau du marché de gros des Eucalyptus (suivant la qualité) et affichent 80 DA dans les marchés de la capitale, au grand bonheur des détaillants qui n'hésitent pas à s'offrir des marges bénéficiaires faramineuses, a-t-il souligné encore. Selon lui, le calcul des prix élimine ainsi la prise en compte de deux acteurs essentiels du marché, le producteur et le mandataire. Le conférencier vient apporter ainsi de l'eau au moulin du ministère de l'Agriculture qui a précisé la semaine dernière que « les prix au niveau des champs, qui sont de moitié inférieurs que ceux que nous trouvons actuellement au niveau du détail. Donc, il y a des marges excessives qui sont prises par les intervenants ». Une déclaration de Amar Assabah, directeur de la production et de la régulation des produits agricoles au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Le porte-parole des mandataires a laissé entendre que le marché de gros des Eucalyptus souffre d'une rupture de 10 jours en matière d'approvisionnement en pomme de terre. Une situation due, selon lui, aux comportements des intervenants et des détaillants qui échappent carrément au marché. Mohamed Medjber a validé sur sa lancée les thèses du ministère selon lesquelles la mauvaise météo a quelque peu ajourné les opérations de récolte. « Les premiers approvisionnements de la saison arriveront vers fin avril et/ou début mai. Ce serait aussi profitable d'encourager les opérations de semence du mois de novembre pour éviter à l'avenir des situation semblables », a-t-il soutenu. Toutefois, le porte-voix des mandataires avertit qu'il n'est plus possible de différer à nouveau la récolte, car environ 30% de celle-ci (la récolte) risque d'être avariée. Il a rejeté en bloc l'idée selon laquelle des quantités de pomme de terre seraient stockées dans des chambres froides. « Scientifiquement, il est impossible de stocker pendant une durée dépassant une dizaine de jours la pomme de terre récoltée pendant la saison du froid », a-t-il conclu.