La pomme de terre, ce tubercule très demandé, fait encore parler d'elle. La star de la table est inaccessible depuis quelque temps. Les prix de ce légume, dont la consommation est très importante dans les foyers algériens, a grimpé soudainement et a atteint des seuils jamais enregistrés depuis l'indépendance du pays. Ce légume est cédé dans les marchés de la capitale entre 90 et 110 dinars le kilo. Les marchands ambulants, quant à eux, le proposent entre 85 et 90 dinars le kilo. La pomme de terre est devenue un produit de luxe que les familles ne peuvent plus se permettre. «J'ai été au marché ce matin. La pomme de terre est à 110 dinars. Celle d'une qualité moindre est à 100 dinars. Je n'ai pas pu en acheter. Je suis revenue bredouille. C'est trop cher», affirme une dame qui vient de sortir du marché de Staouéli. Au marché Clauzel à Alger-Centre, la pomme de terre est cédée à 95 dinars et elle est à 100 dinars au marché Ali-Mellah du 1er Mai. «Cela dure depuis plus d'une semaine», affirme un commerçant. «La pomme de terre est un produit très demandé. On achète cher chez les grossistes. Les prix ont augmenté dans tous les marchés car il y a pénurie en la matière», a-t-il ajouté. Même constat au niveau du marché de gros des Eucalyptus à Alger. «Les prix de la pomme de terre ne sont pas stables. Ils sont très élevés, même. C'est pourtant la période où la récolte est censée être très importante. Nous sommes vraiment très étonnés de cette hausse non justifiée, surtout que la pomme de terre est un produit de large consommation», nous dira Youcef Mestouri, chef du département exploitation et contrôle au niveau de ce marché. L'heure est grave. Après un suivi des prix depuis plusieurs jours, la direction de ce marché est en train d'élaborer un rapport qu'elle va transmettre aux ministères de l'Agriculture et du Commerce et au wali d'Alger pour les tenir informés de cette situation anormale. «La thèse selon laquelle la tempête de neige et les récentes pluies qui se sont abattues sur plusieurs régions empêchent de faire une récolte dans des conditions normales tient la route, mais pour nous, la thèse de la spéculation n'est pas à écarter», dira ce même responsable. Spéculations ! Selon lui, les opérateurs chargés du stockage du produit sont pour beaucoup dans ce qui se passe dans les marchés. «Les chambre froides ont saisi la période de mauvais temps pour stocker toutes les quantités de pomme de terre existant chez les agriculteurs afin de provoquer des pénuries et faire sortir ces quantités plus tard», a-t-il expliqué. Le marché de gros des Eucalyptus, l'un des principaux marchés de la capitale, a enregistré une réduction de la quantité de pomme de terre commercialisée ces derniers jours. «Il y a une nette réduction du produit comparativement à d'habitude. Ce n'est qu'aujourd'hui (hier NDLR) qu'il y a eu commercialisation d'une bonne quantité», dira le même responsable. Après une flambée de plusieurs jours, les prix ont enregistré une accalmie depuis hier. Mais la situation est loin d'être stable. «Dimanche, la pomme de terre a été vendue à 90 dinars au marché de gros. Lundi, le prix tourne entre 60 et 72 dinars», a-t-il affirmé, soulignant qu'il faut encore observer le marché durant une semaine pour connaître la tendance à l'avenir. Les agriculteurs affirment que les intempéries qui ont occasionné de gros dégâts ont été à l'origine de grosses pertes enregistrées sur plusieurs produits agricoles. «La neige et les pluies ont détruit toute la récolte dans plusieurs wilayas. Une véritable catastrophe s'est produite dans les régions du nord» a indiqué Rachid Touami, agriculteur. Selon lui, les prix ont flambé en raison de la faiblesse de la récolte. «Les prix ne vont pas baisser à moins d'une décision portant sur l'importation de la pomme de terre pour subvenir aux besoins des consommateurs», a-t-il affirmé en soulignant que les quantités existantes en stocks sont insuffisantes pour couvrir la demande durant les deux mois à venir. Il a appelé l'Etat à aider les agriculteurs ayant encaissé cette perte sèche afin qu'ils puissent redémarrer leur activité. Pour Mohamed Medjber, président de l'association des mandataires, la hausse des prix de la pomme de terre est due à la faiblesse de la production cette année. «L'agriculteur la cède entre 60 et 80 dinars là où la production a été sauvée», a-t-il indiqué. Il affirme qu'en période de pénurie, la récolte ne va pas vers les marchés structurés mais elle se commercialise à travers le circuit informel. A noter que la flambée des prix a touché plusieurs fruits et légumes.