Le chef du gouvernement israélien la soumet aujourd'hui à l'approbation de son cabinet. Un pas en avant vers la paix a-t-il été effectué par l'acceptation de la «feuille de route» par le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, qui soumettra aujourd'hui à l'approbation de son cabinet le document produit par le quartette (USA, ONU, UE, Russie)? Rien de moins sûr en vérité, d'autant plus que cette acceptation, conditionnée par Israël, n'est venue qu'après les assurances données par Washington à Tel-Aviv qui a fait part de ses préoccupations et demandé la révision d'au moins une quinzaine d'articles du document en question. L'acception de la «feuille de route» par Sharon est venue donc après le communiqué de la Maison-Blanche, selon lequel il est affirmé que les Etats-Unis «partagent les préoccupations d'Israël sur la ‘‘feuille de route'' et qu'ils en tiennent pleinement et sérieusement compte dans sa mise en oeuvre». Si cette affirmation semble avoir rassuré Sharon et enlevé ses réserves vis-à-vis de la «feuille de route», il n'en reste pas moins que nombre de doutes, voire d'ambiguïtés, subsistent tant pour ce qui est des promesses que Bush aurait faites à Sharon que de ce que sera l'application du document dans son contexte initial. De fait, les Palestiniens ont promptement réagit vendredi en refusant tout changement dans le contenu et le suivi de la mise en application de la «feuille de route». Ainsi, après une réunion à laquelle ont assisté le président Arafat et le Premier ministre Mahmoud Abbas, un communiqué a été diffusé réitérant que «la direction palestinienne est consciente de l'intérêt que prêtent les Etats-Unis à l'application de la ‘‘feuille de route'' et souligne l'importance d'un engagement à l'application à la lettre, sans apporter de changement préalable». De son côté, le conseiller du président Arafat, Nabil Abou Roudéina, avait affirmé ses doutes quant à la volonté d'Israël d'honorer «son obligation d'appliquer le plan». Ce dernier, ou plus communément la «feuille de route» prévoit l'accession, par étape, de l'Etat palestinien à la souveraineté internationale d'ici à 2005. Les réserves israéliennes concernent au moins deux points - le retrait de l'armée israélienne des territoires palestiniens et le gel de la colonisation - qui sont le fond du problème. Or, alors même que Sharon «accepte» la «feuille de route», après les assurances américaines, le ministère israélien de l'Habitat lance un appel d'offres «pour la construction de 502 logements dans la colonie de Maalé Adoumim (en Cisjordanie). C'est l'appel d'offres le plus important «depuis le début 2003 pour la construction de logements dans une seule et même implantation», estiment les observateurs. Aussi, le scepticisme et les craintes des Palestiniens sont-ils parfaitement justifiés, qui ne croient pas à la sincérité des Israéliens quant à l'application dans son contexte de la «feuille de route». Car, Sharon qui, certes a accepté la «feuille de route» dans son principe, en avait toujours refusé le contenu, finit aujourd'hui par faire avec, c'est qu'effectivement les Américains ont accédé à ses doléances. Ce que confirme indirectement le conseiller de Sharon M.Gissin qui affirme que «ce sera une acceptation claire dans le contexte des assurances fournies à Israël (...) par la Maison-Blanche, incorporant les clarifications et promesses américaines, pas sans elles». Quelles clarifications, quelles promesses? D'autant plus que la conseillère présidentielle pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, a indiqué de son côté que «Washington partage le point de vue d'Israël et (...) les préoccupations réelles de l'Etat hébreu». Propos confirmés par le président Bush qui a déclaré en marge de ses entretiens, au ranch de Crawford, avec le Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, que «le Premier ministre Sharon a accepté la ‘‘feuille de route'' et c'est un progrès. Il a accepté car je l'ai assuré que les Etats-Unis sont attachés à protéger la sécurité d'Israël» ajoutant «Je pense sérieusement à rencontrer MM.Sharon et Abbas si cela permet d'aider la cause de la paix au Proche-Orient. Si une réunion permet de faire avancer la cause de deux Etats coexistants côte à côte pacifiquement, je penserais sérieusement à une telle réunion». Certes ! Reste cependant le fait que les ambiguïtés et autres malentendus persistent et seront loin d'être levés, si parallèlement, à la recherche d'établissement de la paix, Israël poursuit sans relâche la colonisation de peuplement des territoires palestiniens occupés. Tant que les Etats-Unis n'apportent pas les mêmes assurances aux Palestiniens, quant au retrait de l'armée israélienne d'occupation et le démantèlement des colonies juives, le doute reste permis quant au jeu que jouent les Etats-Unis dans cette partie. Car la paix ne saurait être fondée que sur l'échange de la terre contre la paix. Ce que demande la communauté internationale et réclament les Palestiniens depuis des décennies. Toute autre option ne peut être qu'une échappatoire qui renvoie aux calendes grecques une solution définitive.