Qu'est-ce qui a été fait depuis la signature de la feuille de route ? Je suis désolé de vous dire que depuis que nous avons signé cette feuille de route nous n'avons pas du tout avancé. Le seul point que nous avons respecté et réussi à concrétiser sur le terrain a été celui des rencontres de proximité avec la population en vue de leur expliquer le contenu de ce document, son objectif et les tenir au courant des décisions prises lors des réunions avec les hauts responsables. Pour le reste, nous n'avons réalisé aucune progression. A quoi est due cette situation ? Je considère que nous sommes à l'arrêt car nous n'avons toujours pas installé la commission mixte composée de trois éléments de chaque communauté, en plus des représentants de l'administration, comme cela a été convenu tout à fait au début. Le retard que nous avons enregistré est dû, en réalité, aux ibadites qui n'ont toujours pas désigné les membres qui devront rejoindre cette commission. Cette dernière devrait permettre aux communautés de travailler ensemble pour faire avancer le traitement des différents points dont le recensement des dégâts et la question épineuse du recasement des familles. Nous regrettons cette situation de blocage et surtout le fait que les ibadites n'aient pas pris en considération le contenu de la feuille de route. Nous avons examiné ce point de blocage lors de la réunion que nous avons tenue la semaine dernière. Nous avons adressé une correspondance aux autorités concernées, dont la wilaya et les services de sécurité, dans laquelle nous avons tenu pour responsables de cette situation d'impasse les membres de la commission mozabite. Parallèlement à cela, nous avons décidé de geler tous les contacts jusqu'à ce que l'application des articles de la feuille de route soit entamée de façon concrète. Nous ne pouvons pas accepter qu'un tel document pour lequel nous avons fourni beaucoup d'efforts et sur qui beaucoup d'espoirs sont fondés soit bafoué et non respecté. Nous avons demandé l'intervention des institutions concernées en vue de débloquer la situation. Cela voudra-t-il dire que la feuille de route risque de connaître un échec ? Le problème, c'est que nous avons gelé toute activité qui a trait à l'application du contenu de la feuille de route après avoir constaté un blocage et un non-avancement sur l'un des points les plus importants de ce document. Mais les mozabites continuent de travailler en négligeant cet aspect important et cette étape déterminante dans le règlement du conflit. Nous ne voulons pas que ce document soit considéré comme de l'encre sur du papier, d'où notre démarche d'alerter sur la situation. La population adhère-t-elle à l'idée de la cohabitation ? Oui, les gens ont apprécié la signature de la feuille de route et salué son contenu. Ils avaient espoir que ce document apporte une solution définitive à cette crise qui a endeuillé les familles et occasionné beaucoup de pertes. Malheureusement, il y a des gens qui veulent maintenir la situation en l'état et qui ne souhaitent pas que les deux communautés reprennent la cohabitation en toute sérénité. A combien sont estimées les pertes ? Nous avons recensé 262 familles déplacées, 185 maisons incendiées, 18 locaux commerciaux saccagés, en plus de 10 autres maisons touchées depuis le 17 avril par des actes de vandalisme. L'objectif de renouer avec la paix n'est donc toujours pas atteint. Quelle est la solution, selon vous ? La solution est dans l'application des mesures de la feuille de route conclue entre les représentants des deux communautés. Il est urgent de les mettre en œuvre de façon plus sérieuse et plus rapide.