Le virtuose du ôud (luth) Naseer Shamma sera à l'auditorium de l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris, le 30 avril courant pour un concert exceptionnel. Doté d'une exceptionnelle technique dans la précision de son jeu, Naseer Shamma a introduit sa touche personnelle dans le jeu traditionnel du maqâm. Ce formidable luthiste, qui fait autorité au-delà du monde arabe, ne se contente pas de reproduire les grands morceaux du répertoire classique arabe, il sait également innover. Ses recherches et sa curiosité ont ainsi abouti à des découvertes dans le domaine musical, notamment en développant une technique de jeu du luth à une main (pour les personnes handicapées), mais aussi en concevant un luth à huit cordes. C'est en Irak qu'a débuté sa carrière, lorsqu'à l'âge de 23 ans, en 1986, le jeune virtuose décroche le diplôme de l'Institut d'études musicales de Baghdad. Comme le souligne le musicologue et musicien Habib Yammine : «Le rêve d'enfant de Naseer Shamma était d'être un grand musicien, à l'égal de ceux de la cour des rois babyloniens ou des califes abbassides. Selon lui, le oud ne doit pas être limité par une technique, un style ou une tradition ; la tradition musicale ne saurait être figée dans des stéréotypes, qui aboutissent inéluctablement à la mise à mort de l'art. Son propos est de casser ces stéréotypes, formes sèches et sans âme, et de faire sortir le jeu du oud de son cadre traditionnel pour atteindre de nouveaux domaines, jusqu'alors inconnus de la musique arabe… Sa démarche rappelle celle du peintre, du romancier ou du cinéaste, avec son jeu tantôt expressif, tantôt figuratif, nostalgique, dansant, méditatif ou révolté. Il réunit la passion et l'imagination à la virtuosité, la poésie et la surprise à la précision et à la clarté du discours». Ce concert, Naseer Shamma le conçoit méditatif et métissé, ponctué par l'intervention complice d'invités virtuoses venus de divers horizons musicaux.