Pas très connu dans sa propre contrée, l' Algérie, le luthiste Fayçal Salhi a ému son public lors d'un mémorable concert le week-end à l'Institut du monde arabe (IMA) de Paris. Le luthiste assurait un grand spectacle à l'occasion du 12e Festival de musique de cette institution qui a rassemblé d'autres virtuoses du Oûd, à l'instar de l'Irakien Naseer Shamma, un habitué des espaces algériens et du Libanais Abu Khalil. Devant une assistance nombreuse, l'auteur d' "Alwane " (Mosaic music), son dernier album, l'artiste algérien a déroulé une musique métissée alliant les sonorités du luth au jazz, un genre que le jeune Fayçal dit "affectionner depuis des années". Durant plus d'une heure, l'artiste-compositeur a joué ses propres créations dont " Hayat ", son morceau "fétiche" et “Vent du sud”, un intermède musical accrocheur, avec lequel Fayçal a entamé son concert, avant d'enchaîner avec des morceaux tirés de son premier album " Timgad ". Décliné sous le titre "Sur les routes de l'Orient", le spectacle a été présenté par un trio composé également du contrebassiste Vladimir Torres et le batteur Arnaud Dolmen. Pour l'artiste, se produire pour la première fois au Festival de musique de l'IMA procure un "sentiment de fierté et un grand trac aussi". "C'est une grande pression que l'on ressent lors de pareils spectacles. La dernière fois que j'avais ressenti autant de pression, c'était lorsque Adlène Ferdjioui, qui est devenu un grand ami, m'avait programmé au festival Alger jazz-meeting", a-t-il confié. Invité à définir le genre dans lequel il évolue, l'artiste a expliqué que ce métissage oriental-jazz est "plus une question de goût. Il n'y a pas une démarche intellectuelle derrière". "Quand on joue de la musique, on essaye d'exprimer ce qu'on a au plus profond de soi, tout en alliant une observation du monde qui nous entoure ", a ajouté le luthiste qui dit avoir beaucoup d'amis qui évoluent dans le jazz, un genre que j'adore, autant que mes racines algériennes" affirme-t-il. Selon Rabah Mezouane, journaliste et critique musicale spécialisé dans les musiques du monde, particulièrement la musique arabe, Fayçal Salhi déploie un "jeu très fluide et a un joli doigté. Sa musique fusionne merveilleusement avec le jazz". Aux côtés de l'artiste algérien, se produiront également de grands noms du Oûd dans le monde arabe, parmi lesquels Rabih et Rabih Abou Khalil, ainsi que de jeunes talents conviés à magnifier les sonorités délicates de l'instrument roi qu'est le luth. Autour du luth qui sera à l'honneur en ce 12è festival de musique de l'IMA (du 8 au 18 juin), graviteront d'autres instruments comme la guitare, le bouzouk ou les percussions traditionnelles.