Le président du MSP, Abderrazak Mokri, qui s'est opposé dès le départ aux réformes du système éducatif, hausse le ton contre la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, qui conduit ces réformes. Désormais, il ne demande plus l'annulation de ces réformes. Il passe à un stade supérieur de revendication en réclamant le départ pur et simple de la ministre qu'il accuse d'avoir fait «des déclarations mensongères» concernant la participation d'experts français dans les mêmes réformes. «La ministre doit démissionner ou être démis de ses fonctions», a lancé le président du MSP, hier à l'hôtel Safir d'Alger, à l'occasion d'une rencontre sur le système éducatif intitulée «Le système éducatif et les défis de la réforme». L'orateur argue que la ministre française de l'Education Najat Valaud-Belkacem a démenti les affirmations de Mme Benghebrit en affirmant que des experts français collaborent avec les Algériens chargés d'élaborer les programmes dans le cadre des réformes. Nouria Benghebrit a toujours nié l'implication des français dans ces réformes. Mais à l'issue de la réunion de haut niveau du comité intergouvernemental franco-algérien, le 10 avril dernier, la ministre française a révélé que son département intervenait aussi bien dans la formation des instituteurs algériens, la formation des formateurs et le contenu des matières pédagogiques. Se basant sur ce qu'il considère comme «un mensonge démasqué», Abderrazak Mokri appelle la ministre à rendre le tablier «comme cela se fait dans les pays démocratiques». Le leader du parti islamiste poursuit sa charge contre la ministre en l'accusant de vouloir franciser l'école algérienne et en qualifiant la réforme de «dangereuse sur le système éducatif». «La ministre a des visées idéologiques. Elle ne s'intéresse qu'à franciser l'école alors que la langue française n'est pas une langue de savoir (…). La langue française n'est pas une langue développée. Même les chercheurs français utilisent l'anglais dans leurs recherches», a-t-il affirmé, accusant également Mme Benghebrit de vouloir changer l'identité du pays. «Pourquoi nous imposer cette langue ? Nous savons que l'anglais aussi est une langue de colonisateur mais lorsqu'on doit choisir entre deux langues, on choisit au moins la plus développée», a-t-il poursuivi. Le président du MSP appelle le département de l'Education à s'intéresser plutôt à la violence et à la consommation de la drogue au sein des établissements scolaires. Il a, en outre, appelé à résoudre la question des enseignants contractuels par la voie du dialogue et non de la violence. En marge de la rencontre, Mokri a répondu au secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui avait accusé l'opposition d'être des relais de la France en Algérie suite à la polémique ayant suivi la publication d'une photo du chef de l'Etat très affaibli avec le Premier ministre français, Manuel Valls. «Lorsqu'ils (les responsables au sein du pouvoir) n'ont aucun argument, ils traitent les opposants de traîtres. Or, les Algériens savent qui est traître et qui se sacrifie pour le pays», a-t-il dit. «Ils sont en train de se noyer avec ces comportements», a-t-il ajouté. Pour lui, les Français ont infligé une gifle au système algérien «qui a donné, selon lui, tout à la France pour le couvrir». Le président du MSP appelle les responsables algériens à se concilier avec le peuple, en organisant des élections libres et transparentes, au lieu de chercher à satisfaire les puissances étrangères en contrepartie de leur soutien.