Alors que l'on croyait passée la polémique sur le tweet du Premier ministre français, montrant une image du président Abdelaziz Bouteflika très affaibli par la maladie, voilà que les députés s'invitent au débat pour… exprimer leur «solidarité» avec le chef de l'Etat. Les élus de l'Assemblée populaire nationale (APN) se sont, en effet, tous élevés hier pour applaudir Ramdane Taâzibt qui, profitant de son intervention, prendra la défense du président de la République, objet d'un tweet «non apprécié» de Manuel Valls. «Nous exprimons notre solidarité au Président, que Dieu le guérisse», lance le député du Parti des travailleurs (PT) qui dit refuser que l'on nous donne des leçons de l'étranger. A ses propos, c'est l'ensemble des présents à la plénière d'hier, consacrée à l'adoption de deux projets de loi, dont des députés du FLN, du RND, du FFS et de l'AAV, ainsi que les deux ministres, de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb et celui des relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, qui se sont levés pour l'applaudir chaleureusement. Taâzibt ne s'arrêtera pas là, enchaînant : «Lorsqu'ils prenaient des marchés, ils affirmaient toujours que le Président était en bonne santé», dans une allusion à peine voilée aux déclarations de François Hollande qui, en déplacement à Alger en juin 2015, avait parlé de l'«alacrité» de Bouteflika. Ainsi, après les réactions virulentes de personnalités proches du cercle présidentiel, à l'image d'Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la Présidence, d'Amar Ghoul, président de TAJ, mais aussi de l'UGTA et du FCE, les députés se mettent de la partie pour déjouer ce que Ramdane Taâzibt qualifiera de «complot» contre l'Algérie. «Nous devons être vigilants et conscients, classe politique et société civile, car il y a un complot qui se trame contre l'Algérie», a-t-il ajouté, invitant ses collègues de l'APN «à voir ce qui se passe dans les pays voisins» après le printemps arabe. Le bras droit de Louisa Hanoune, toujours sur la défensive, accuse «la France et les Etats-Unis d'Amérique de vouloir, chacun, nous imposer un gouvernement et un Président pour 2019». Un gouvernement qui leur fait «allégeance», soupçonne-t-il encore. Mais, le député conclut que «nous voulons un gouvernement et un Président qui travaillent pour les intérêts de l'Algérie, pas pour une partie ou une autre». Ici, la cible de l'orateur n'est autre que l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, à qui certains observateurs attribuent un rôle important à l'avenir, et que les puissances étrangères tentent de séduire. Bouchouareb évite la presse Par ailleurs, c'est le ministre de l'Industrie et des Mines qui a déçu à l'hémicycle. Attendu après l'adoption de projet de loi modifiant et complétant la loi 04-04 relative à la normalisation, Abdesselam Bouchouareb a soigneusement évité la confrontation avec la presse. Le ministre dont le nom a été cité dans le scandale planétaire des «Panama Papers» a, pour ainsi dire, «pris au piège» les représentants des médias, nombreux à l'attendre à la sortie principale réservée aux déclarations. Il quittera précipitamment par une autre sortie pour monter directement à bord de sa voiture. Outre le vote de cette loi relative à la normalisation, les députés ont, lors de la séance présidée par Mohamed-Larbi Ould Khelifa, adopté à la majorité le projet de loi complétant l'ordonnance n° 66/156 portant code pénal.