«Je démens formellement ces accusations», a répondu, hier, Abdessalem Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines, aux questions des deux députés, Naamane Laouar de l'Alliance Algérie verte (AAV) et Smaïn Kouardia du Parti des travailleurs (PT), devant la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification de l'APN au sujet de l'affaire des Panama Papers. Le nom du ministre apparaît dans un scandale planétaire sans précédent. Les révélations citent son nom dans le scandale du cabinet de conseil panaméen Mossack Fonseca. L'enquête menée par les journalistes du Consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ) révèle que Abdessalem Bouchouareb serait titulaire d'un compte en Suisse d'un montant de 700 000 euros transférés de la Banque internationale du Luxembourg (BIL) vers la National Bank of Abu Dhabi (NBAD), dont la filiale suisse, basée à Genève, est spécialisée dans la gestion des fortunes. «Nous lui avons demandé des explications, car le peuple doit savoir ce qui se passe dans son pays et particulièrement dans le gouvernement, en plus, l'affaire a fait le tour de la presse mondiale», explique Smaïn Kouardia. Selon les deux députés, le ministre n'a pas voulu faire trop de déclarations, se contentant d'annoncer qu'il «remettra un rapport détaillé très prochainement au président de la République à ce sujet». Bouchouareb, en répondant aux deux députés, a pointé du doigt des «lobbys qui se trouvent à l'extérieur et à l'intérieur du pays qui ne sont pas contents de la politique du gouvernement, notamment celle du ministre de l'Industrie et des Mines qui a beaucoup compromis leurs intérêts surtout dans le secteur des importations». Depuis le début du scandale, le gouvernement et la justice algériennes n'ont pas réagi contrairement aux autres pays cités dans cette affaire où la justice a ouvert des enquêtes alors que le Premier ministre islandais, impliqué dans le scandale Panama Papers, a démissionné. La seule réaction officielle a été celle de Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, qui a convoqué mercredi l'ambassadeur de France Bernard Emié, pour lui exprimer sa «protestation énergique» contre ce qu'il a qualifié de «campagne de presse hostile à l'Algérie et à ses institutions, menée en France par différents médias et à travers d'autres activités publiques». Il s'agissait de la une du Monde où figurait le président Bouteflika aux côtés d'autres chefs d'Etat cités dans les fuites. Le Monde a dû publier des excuses. Le gouvernement s'en prend ainsi au même support médiatique dans lequel il s'était offert, en 2012, un supplément promotionnel de 16 pages intitulé «Stratégies internationales. Spécial Algérie». Par ailleurs, et selon une source proche du ministère de l'Intérieur, «il a été décidé par les hauts dirigeants de soutenir Bouchouareb, la justice ne va pas s'en mêler et la stratégie est de dénoncer le complot contre le pays».