L'opportunité est offerte aux parlementaires de demander des explications au ministre de l'Industrie, qui sera auditionné ce matin par la commission des affaires économiques, du développement de l'industrie, du commerce et de la planification de l'APN sur le projet de loi portant sur l'investissement. Les institutions de l'Etat se sont distinguées par leur mutisme dans l'affaire impliquant le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, dans le scandale Panama Papers. Ni la justice ne s'est autosaisie du dossier ni le gouvernement n'a réagi officiellement pour rendre compte au peuple du contenu ou de la suite à donner à cette affaire. Aujourd'hui, l'opportunité est offerte aux parlementaires pour demander des explications au ministre de l'Industrie, qui sera auditionné ce matin par la commission des affaires économiques, de développement de l'industrie, du commerce et de la planification de l'APN sur le projet de loi portant sur l'investissement. Une réunion programmée depuis plusieurs mois par le bureau de l'Assemblée. Quelle attitude adopteront les députés face à M. Bouchouareb ? Vont-ils le ménager ou oseront-ils le questionner sur les accusations portées à son encontre ? Pour les députés, l'intervention de Bouchouareb devant les membres de la commission économique intervient dans un contexte particulier où faire l'impasse sur le scandale qui l'éclabousse serait une insulte pour tout le peuple. «Nous avons eu une panoplie d'informations sur cette affaire, nous n'avons pas toutes les données pour nous positionner. Mais le ministre devra nous donner des explications parce qu'il est au banc des accusés. Il ne doit pas seulement se défendre il doit nous convaincre», explique M. Mossouri, membre de la commission économique de l'APN. Si les accusations contre Bouchouareb s'avèrent «vraies», les députés comptent réagir contre ce comportement qu'ils qualifient d'«abject» et «condamnable». Le ministre, selon Lakhdar Benkhalef, est dans l'obligation de s'expliquer et de se justifier. Les députés sont dans l'expectative, ils n'ont rien compris à cette affaire. «Si la société de Bouchouareb n'est jamais entrée en activité et s'il n'y a jamais eu de compte bancaire ni de cession immobilière de la part du ministre, alors d'où proviennent les 700 000 euros associés au compte du ministre Bouchouareb ?» s'interroge cet élu. «Le ministre doit parler» Presque tous les partis siègent au sein de la commission économique de l'APN. Smain Kouadria du PT, avait préparé une série de questions sur différents sujets, notamment la privatisation et les finances, mais avec les révélations faites par les Panama Papers dans le cadre d'une enquête menée par l'International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) en partenariat avec 107 médias à travers le monde, le député débordera en demandant des comptes au ministre car «il y va, dit-il, de la crédibilité des députés». En tant que membre permanent de la commission économique, Naamane Laouar du MSP ne comprend pas le silence du pouvoir et de la justice : «Si le ministre Bouchouareb est innocent, pourquoi le pouvoir à travers ses canaux, ne réagit-il pas ?» Pour le député, les institutions de l'Etat ne font pas leur travail. «On parle de transfert de devises en 2015, lorsque le ministre était en poste. En ma qualité de député, je vais l'interroger sur ces transferts, mais n'ayant pas assez d'informations sur cette affaire, M. Bouchouareb peut raconter ce qu'il veut pour se dédouaner», déplore Naamane Laouar. Notons que mardi, Bouchouareb n'a pas assisté à l'ouverture du Salon national des produits industriels locaux Mitex, placé pourtant sous son patronage. En fera-t-il de même avec les députés ? Peu probable dès lors que la réunion a été programmée et annoncée depuis longtemps et, de surcroît, l'absence du ministre ne ferait que confirmer les accusations des Panama Papers.