Les dernières tensions entre Alger et Paris commencent à influer sur le plan économique avec l'attribution par Sonatrach de contrats gaziers et pétroliers au profit des sociétés américaines. Le groupe national des hydrocarbures, Sonatrach, a attribué avant-hier deux contrats d'un montant total de 70 millions de dollars au profit de deux compagnies américaines, a rapporté l'agence britannique Reuters, qui se base sur un document de Sonatrach. La première société est Schlumberger. Cette compagnie spécialisée dans les services pétroliers a bénéficié d'un contrat d'un montant de 25 millions de dollars pour «une assistance technique». Quant au second contrat, d'une valeur de 45 millions de dollars, il concerne le domaine du forage (services aux puits). Il a été attribué à une autre entreprise américaine, National Oilwell Varco (NOV), précise Reuters.Même si la décision d'octroyer ces contrats à des Américains ne date pas d'aujourd'hui, celui avec NOV remontant à 2015, leur révélation au grand jour coïncide avec la détérioration des relations entre les deux pays, notamment depuis la venue à Alger du Premier ministre Manuel Valls. Déjà que les projets de coopération entre Sonatrach et les sociétés françaises de pétrole traînent la patte, cette nouvelle d'attribution de nouveaux marchés aux Américains est perçue comme une véritable rupture, du moins économique, entre les deux pays après quatre années d'«intenses» activités d'entreprises françaises en Algérie. En moins d'une année, la France a perdu deux marchés dans le domaine pétrolier en Algérie. Il s'agit de la rupture du contrat entre Sonatrach et Technip dans la réfection des installations de la raffinerie de Sidi R'zine (Alger) et de l'échec des négociations entre Sonatrach et Total dans le projet d'usine de vapocraquage d'éthane à Arzew (Oran). L'ombre de Khelil Cet échec cuisant des conglomérats français à se faire une place au soleil et à laisser des parts de marché au profit des Etats-Unis et aussi des pays asiatiques, ne peut nullement, selon certains analystes, être dissocié du come-back de Chakib Khelil au pays. D'ailleurs, dans ces pèlerinages à travers les zaouias et ces sorties médiatiques sur les plateaux télé, le plus américain des Algériens n'hésite pas à tirer à boulets rouges sur la France qui, selon lui, est en train de manigancer pour semer le doute au sein de la population et au plus haut sommet de l'Etat, pour se venger de son exclusion de contrats juteux dans différents domaines. Si au plan non officiel, Chakib Khelil et les partis politiques se chargent d'attaquer frontalement la France dans une tentative de réparer l'affront fait à l'image du pays, les autorités officielles les avaient précédés en négociant des contrats avec des Américains. Pour ce faire, le gouvernement n'avait visiblement pas attendu que la tension éclate au grand jour pour agir. La visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Washington était un prélude à une guerre annoncée. En se rendant début avril dans la capitale américaine pour prendre part au 4e sommet sur la sûreté nucléaire, Sellal avait rencontré cinq puissants patrons de compagnies, dont trois activent dans le domaines des hydrocarbures et présents en Algérie. Il s'agissait, selon l'APS, du patron d'Anadarko, Al Walker, premier producteur privé de pétrole en Algérie qui développe les gisements pétroliers de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk, situé dans le bassin de Berkine à Illizi. Le Premier ministre a eu ensuite des discussions avec Jeff Miller, PDG d'Halliburton, un grand groupe américain, spécialisé dans l'industrie et les services énergétiques. Toujours dans le secteur énergétique, le chef de l'Exécutif s'est entretenu avec John Rice, vice-président de General Electrcic (GE). La compagnie, qui est présente en Algérie depuis quatre décennies, coopère avec Sonelgaz et Sonatrach dans divers projets énergétiques. Avec ces rencontres de haut niveau, il est difficile de ne pas imaginer que la mise sur le carreau de Paris a été préparée depuis Washington.