Il vient d'être élu meilleur joueur de Premier League. Il a été propose à l'OM qui l'avait refusé. Il marque des buts comme on n'en voit que sur Playstation. Il, c'est Riyad Mahrez. Celui dont tout le monde parle cette saison. Le genre de joueur capable de faire lever un stade d'un dribble classieux. Le genre de joueur que l'Europe entière va s'arracher cet été. Elégant, adepte du beau geste, le petit gars de Sarcelles au parcours chaotique s'apprête à devenir champion d'Angleterre au sein de l'équipe la plus épatante d'Europe. Pour sa première grande interview à un média français, Mahrez a choisi Onze. Décidément, ce mec est un esthète. Voici quelques extraits de notre entretien avec Riyad Mahrez. Riyad, es-tu conscient d'avoir eu un parcours invraisemblable ? Ouais, il est atypique. J'y pense souvent. Si plus jeune, on m'avait dit «tu préfères charbonner avant de percer ou percer tranquille en passant par un centre ?», j'aurais opté pour la seconde solution parce qu'avec la première, tu n'es pas sûr d'y arriver. Mais au final, je suis hyper heureux de ce que j'ai fait. J'ai charbonné pour y arriver et j'en suis fier. Je ne changerais mon parcours pour rien au monde. De nombreux jeunes continuent de quitter la France pour l'étranger ? Avant, ils aimaient les grands, costauds qui courent vite. Ça veut dire quoi ça ? Et les autres, on en fait quoi ? Quand ils ont vu l'Espagne et le Barça tout gagner, ils ont commencé à changer d'avis, à prendre conscience qu'on pouvait jouer au football de façon différente. Et là, les mentalités françaises ont un peu évolué. Les gars ont commencé à faire des conservations de ballon à l'entraînement, beaucoup de jeux réduits… Mais il y a encore peu de temps, ce n'était pas ça en France. Ils ne peuvent pas me carotter, je connais le système… (rires). C'est quoi le secret de cette équipe ? La dalle, frère ! On a des guerriers. Et quand je te dis «des guerriers», je n'ai jamais vu ça de ma vie, mec. Les gars sont là, ils ont les crocs de ouf, ils ne lâchent rien. Le mec, tu lui tires une mine en plein visage, il ne bronche pas. Lui, il est là, son job, c'est défendre, c'est tout. Ils aiment ça. Tu ne verras jamais nos défenseurs s'inventer des vies (sic), essayer de dribbler et faire une passe dans l'intervalle. Ensuite, on a de vrais milieux. La signature de N'Golo a mis en avant Danny Drinkwater. Parce que les deux sont super complémentaires. Et puis, moi je marche bien cette année, Jamie Vardy aussi. Et on a un bon coach. C'est un peu de tout ça. Et le secret de ta réussite ? La naissance de ma fille. Elle m'a mis bien. Je pense que le déclic a eu lieu lors de sa naissance. Avec la saison que tu fais, tu serais à l'Euro en juin prochain si tu avais attendu l'équipe de France… (Rires). Beaucoup de gens me le disent. Moi je ne calcule pas trop ça. Je suis avec l'Algérie, c'est mon bled. Je suis fier d'être international algérien. Selon la légende, ta carrière s'est jouée à un mail… Tu parles de l'histoire de l'OM, là ? Je n'étais même pas au courant… J'ai appris ça en même temps que tout le monde. Si tu avais signé à l'OM, tu te serais embarqué dans une belle galère, non ? Non, parce que déjà, à la base, je ne voulais même pas aller à Marseille. C'est Kamel (ndlr, son agent) qui a fait la démarche de demander, pour voir. Et le gars de l'OM a répondu ce qu'on sait tous (1). Mais moi, j'étais bien en Angleterre de toute façon. Je voulais aller à Marseille quand j'étais jeune. Mais une fois à Leicester, je m'en foutais d'aller jouer pour l'OM. Imagine si Vincent Labrune avait répondu favorablement au mail de ton agent.. Franchement, même s'il m'avait dit «signe à l'OM, on compte sur toi», je n'y serais pas allé. Je te promets. Pourquoi ? Il y a beaucoup trop de joueurs qui sont passés entre les mailles du filet en France. Regarde, quand je vois N'Golo Kante, j'entends que des clubs ne voulaient pas mettre 8, 9 millions sur lui, que c'était trop cher… C'est ouf ! Je ne te dis pas ça parce que c'est mon pote mais, franchement, il est vraiment fort.
Quel regard tu portes sur le PSG, toi, le banlieusard parisien ? C'est devenu un très grand club. Le PSG a de vrais joueurs et le club est en train de construire une bête de truc. Mais gamin, tu n'étais pas spécialement supporter du PSG… Non, je kiffais Marseille quand j'étais petit. Même aujourd'hui, Paris ne me fait pas trop rêver. C'est ma ville, mais je ne me vois pas revenir à Paname.
Quels championnats te plaisent ? L'Angleterre, c'est tout. Plus jeune, tu disais : «Je rêve du Barça, je jouerai au Barça…» Aujourd'hui, le Barça est intéressé… J'ai entendu ça comme toi, mais… Je n'ai pas trop envie de parler de ces choses-là. Ça pourrait me porter préjudice. Xavi te verrait bien au Barça, en plus… Ça fait plaisir. C'est flatteur, surtout venant d'un joueur comme ça. Tu es conscient que Nasser El Khelaïfi rêve d'un joueur arabe pour son PSG… Tu pourrais être celui-là ? Mouais. Je ne dis pas que c'est impossible. Mais je n'ai vraiment pas envie. Pas envie de revenir en France. La France ne me dit rien du tout, j'aime l'Angleterre.