Il est la révélation de ce début de saison anglais. Riyad Mahrez, 24 ans, régale Leicester par ses dribbles et ses buts. En attendant une confirmation sur la durée, zoom sur un joueur pour qui le succès résulte d'un véritable parcours du combattant. Ne cherchez pas la sensation de ce début de saison en Premier League, elle se nomme Leicester. Ce candidat déclaré au maintien, malgré un été pour le moins agité – éviction du technicien Nigel Pearson, arrivée de Ranieri dans le scepticisme général et perte de la star Cambiasso –, a déjoué les pronostics pour pointer à une étonnante 2e place après cinq journées. Sensation dans la sensation, Riyad Mahrez est éblouissant. Meilleur buteur et dribbleur du championnat à l'heure actuelle, le milieu offensif algérien, joueur frissons par excellence, s'est imposé en leader technique des Foxes et se pose déjà en révélation. Il peut savourer, au vu du chemin parcouru. Jugé trop frêle pour le haut niveau Parce qu'il va sans dire que le natif de Sarcelles présente un parcours alambiqué. En dépit de son habileté balle au pied, il a longtemps été jugé trop frêle pour la pratique au plus haut niveau. «On me disait que j'étais trop maigre, qu'on me prendrait facilement le ballon. J'avais une bonne technique mais physiquement je n'étais pas fort. Et je n'étais pas rapide. Mais j'ai toujours travaillé dur», se souvient-il aujourd'hui auprès du Guardian. Malgré le jugement, Mahrez n'abandonne pas. Il le doit à son père, dont le décès, alors qu'il n'avait que 15 ans, a servi de déclic. «Peut-être qu'à ce partir de ce moment-là, je voulais plus», poursuit-il. Plus, au point de prendre un avion pour l'Ecosse trois ans plus tard, et effectuer un essai à Saint Mirren. Si le passage de la Promotion d'Honneur au football britannique n'est pas problématique, Mahrez souffre du rugueux environnement, et plie bagages au bout de deux mois. «C'était physique. Il faisait froid. On s'entraînait dans la neige ! Je sentais que je progressais, mais je n'en pouvais plus alors je suis parti en secret. J'ai emprunté un vélo pour aller chercher mes crampons, que j'avais oubliés au centre d'entraînement, avant d'aller prendre le train pour l'aéroport et rentrer chez moi !», raconte-t-il, cette fois à L'Equipe. Pas de quoi parler d'échec pour autant. A son retour en France, de son propre aveu, Mahrez n'est plus le même joueur. Et n'a plus peur de faire ses valises : il signe à Quimper en CFA, et après une campagne 2009-2010 convaincante, s'octroie les faveurs de clubs tels que le PSG et Marseille. Il choisit... Le Havre. «C'était le meilleur choix pour moi parce qu'ils ont un bon système avec les jeunes». Une saison chez les jeunes justement, une autre d'adaptation et l'explosion en Ligue 2, qui lui vaut un nouveau billet pour le Royaume. «Moi, je rêvais de Ligue 1» Quand Leicester vient le chercher en janvier 2014, Mahrez n'est cependant pas convaincu. «J'avais une mauvaise image de l'Angleterre. On m'a toujours dit : ‘‘C'est pas pour toi, toi, c'est l'Espagne." Moi, je rêvais de Ligue 1. Donc, j'ai dit non. Mais ils ont insisté. Et, finalement, ce transfert à Leicester est la meilleure chose qui me soit arrivée», poursuit le milieu offensif dans L'Equipe. Après plusieurs rencontres de championship, il comprend en effet qu'il ne s'est pas trompé. Les performances suivent en Premier League jusqu'à la révélation cette saison, où il a déjà marqué autant que sur la dernière campagne. Oubliés les débuts compliqués, Mahrez fait désormais dans le linéaire. «Ma vie est comme ça. Je fais toujours étape par étape», assure-t-il. Et les prochaines étapes sont claires, s'imposer en sélection et s'offrir un transfert vers un top club. Si chez les Fennecs, l'affluence de concurrents à son poste l'a freiné jusque-là, pour le reste, Mahrez a déjà tapé dans l'œil de grosses écuries, telles qu'Arsenal, Manchester United ou même le PSG. Les Foxes se frottent déjà les mains en pensant à leur future plus-value – le joueur ne leur avait coûté que 450 000 € ! –, mais l'intéressé, lui, préfère ne pas y penser. «Je ne me soucie pas de ce genre de choses. Je suis un joueur de Leicester et je suis heureux ici. Dans la vie, si vous devez aller quelque part, vous y allez, mais je ne veux pas y penser». Mahrez reste mesuré en termes d'ambition, héritage logique de son parcours. Gageons qu'il fera, comme il l'a toujours fait, les meilleurs choix possibles. Avec le ballon comme avec sa carrière, le gamin de Sarcelles a prouvé qu'il était bon dribbleur.