La générale de la pièce de théâtre Electre, une tragédie de la Grèce antique, a été présentée lundi à Alger, dans un pari difficile mais réussi par de jeunes comédiens ambitieux qui entendent se frotter davantage aux grandes œuvres. Le public, peu nombreux à la salle Mustapha Kateb du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, aura assisté, 70 mn durant, à une œuvre de référence dont la trame, pourtant bien ficelée, échappe à la logique humaine. Mise en scène par Ahmed Khoudi (l'expérimenté), également enseignant à l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle (Ismas), Electre, œuvre du grand dramaturge grec Sophocle, est née d'une adaptation de groupe que le metteur en scène a dirigé et à laquelle les comédiens ont été associés. Véritable défi que de s'essayer à une pièce où les personnages, aux caractères complexes et aux sentiments contradictoires, sont difficiles, dans une œuvre où le sentiment de vengeance alimente la soif du châtiment qui ne trouve son salut que dans le crime. Huit rôles équitablement répartis entre les deux sexes racontent l'histoire d'Electre, campée avec brio par Yasmine Feriek, obstinée à venger son père, Agamemnon, roi de Mycène, assassiné par sa femme Clytemnestre, rendue par Amina Bouziane Belhadj et son amant Egisthe, interprété par Achour Ramzi. L'ensemble des comédiens, parmi lesquels également Antar Zaidi, Sahraoui Céline et Younès Jouani a porté le texte de manière remarquable, se donnant la réplique dans un rythme ascendant et soutenu. Dans un décor colossal fait de longs pantalons (rideaux) suggérant les piliers de la forteresse royale sur lesquels étaient gravés les dieux grecs sur tout le pourtour de la scène, la scénographie a réussi à recréer le contexte des atmosphères graves que propose la trame. Yasmine Feriek, dans le rôle principal, s'est distinguée par sa justesse et sa force d'interprétation. La pièce de théâtre Electre est produite par le Théâtre régional d'Oum El Bouaghi.