Que de lumière dans la carrière de la Biyouna nationale qui a, définitivement quitté les scènes de bougnoules pour celles, plus engagées et plus rustiques. Notre comédienne est, actuellement, dans un beau rôle, un rôle tout aussi inédit que consistant. Elle joue le coryphée dans, la célèbre pièce de Sophocle, Electre aux côtés de l'Anglaise la plus appréciée des Français, Jane Birkin. C'est la deuxième fois que la Biyouna nationale monte sur les planches, après, un rôle confié par Fouzia Aït El Hadj, la première metteur en scène algérienne à l'avoir décomplexée sur le plan théâtral. La pièce a été présentée à la salle El Mougar, il y a trois ans, et a eu un succès tout à fait relatif, sauf que la Biyouna avait été comblée par le fait qu'elle explore un territoire qui lui a été jusque-là inconnu. Lorsque le jeune metteur en scène français, Philipe Salvario, lui a fait appel pour le rôle du coryphée dans Electre, la Biyouna nous a confié qu'elle était à son aise, et ni Birkin, ni les autres ne la faisaient rougir. “Je sais que je vais les bouffer sur scène ” nous a-t-elle confié, l'été dernier, lors du tournage, à Alger, de son troisième long métrage avec Nadir Mokhnèche, Délice Paloma. C'est donc une première de voir notre comédienne dans un costume d'un coryphée, c'est-à-dire le chef de chœur dans la tragédie antique. Le Coryphée se situe au milieu de la scène et est chargé de guider les choristes, de prendre parfois la parole au nom du chœur et de dialoguer avec le personnage en scène. Electre est fille d'Agamemnon et de Clytemnestre, sœur d'Oreste et d'Iphigénie. Comme dans la plupart des tragédies antiques, le personnage principal est animé par un seul désir, celui de la vengeance. Ici Électre veut venger son père assassiné par sa mère et l'amant de celle-ci. Pour punir ces meurtriers impies et odieux tyrans, ce sera œil pour œil, dent pour dent, ce sera le matricide qui clôt la malédiction des Atrides, la libération de la fatalité par les pulsions et le sang. Dans cette pièce, Philipe Calvario associe un chœur féminin guidé par la voix de la populaire Biyouna, ainsi qu'une musique orientale aux sons enivrants, jouée en direct et composée par Éric Neveux, fidèle collaborateur de Patrice Chéreau. Jane Birkin interprète, pour sa part, le rôle titre, et se dit s'être laissée complètement guider “ main et pied et visage par le metteur en scène auquel elle a eu une confiance aveugle ”. C'est pour la huitième fois depuis 1985, que Jane Birkin joue au théâtre et aborde la tragédie grecque pour la seconde fois avec Electre. Avant d'entamer les répétitions de cette nouvelle pièce qui se joue depuis le 05 janvier et jusqu'au 04 février au théâtre des Amandiers de Nanterre, Biyouna avait bouclé son second opus après, Red zone, qui s'intitule, Blonde dans la Casbah. Un titre hommage à sa défunte mère, qui contient des anciennes chansons des répertoires classiques algérois. Il est édité chez Naïve, et sera accompagné par un clip déjà bouclé à Paris. Le spectacle de Philipe Calvario a été étrenné fin 2006 à Brest, Privas, Maubeuge et Blois et, après Nanterre, sera donné dans cinq villes de France et en Suisse en février et mars 2007. Autour de Jane Birkin, Florence Giorgetti joue Clytemnestre, Sophie Tellier Chrysothèmis, Frédéric Andrau Oreste et Jean-Claude Jay le précepteur d'Oreste, et bien sûr Biyouna donne, dans le rôle du Coryphée, la couleur aux interventions parlées ou chantées du chœur de femmes mycéniennes.