La semaine prochaine, la Banque de développement local (BDL) va lancer un livret d'épargne sans intérêt au profit de ses clients. Un produit nouveau qui suscite nombre d'interrogations chez le citoyen, habitué au système universel chez les banques publiques, qui pratiquent le système des taux d'intérêt sur l'argent déposé par les épargnants. Pourquoi le lancement de ce produit dans le contexte actuel ? Et pour quel besoin ? Pour comprendre les tenants et aboutissants de ce produit financier, nous avons sollicité l'expert en économie, Farès Mesdour. Ce dernier a d'emblée exprimé sa pleine satisfaction quant au lancement du livret d'épargne sans intérêt baptisé «El Badil», en indiquant que celui-ci va certainement attirer un nombre important des clients jusque-là réticents à ce type de service. Selon lui, le nouveau livret de la BDL va contribuer au captage de l'argent des Algériens et en conséquence à la croissance de l'économie nationale, surtout dans le contexte actuel. Et d'expliquer que «le lancement de ce produit est dû essentiellement à la demande des citoyens qui préfèrent des crédits et des transactions bancaires sans intérêt. Il a fait savoir que durant le 2e semestre de l'année en cours, la demande sur les produits de finances islamiques va augmenter surtout dans le cadre de l'achat des voitures fabriquées localement par le groupe français Renault, à savoir la nouvelle Symbol et prochainement la Dacia Sandero. L'accès à la propriété est également sollicité par les ménages, mais freiné par la pratique des taux d'intérêt. «Cela explique, a-t-il dit, que le lancement de cette épargne chez la BDL sans intérêt répond aux attentes des clients et renseigne que les pouvoirs publics peuvent introduire ce type de financement en Algérie après avoir longtemps temporisé à l'envisager.» Appuyant ses dires, l'expert a souligné qu'il y a un nombre important de commerçants qui vont également accueillir cette action à bras ouverts car, a-t-il ajouté, ces derniers «refusent catégoriquement les produits bancaires universels». Tout en soulignant que «le financement de type islamique appelé aussi El Mourabaha est basé sur le partage de bénéfice avec la pratique d'un prix supérieur pour assurer la marge bénéficiaire au vendeur». «Mais, le seul souci qui pourrait freiner ce type de produits bancaires, c'est le volume de la marge bénéficiaire qui, parfois, dépasse les intérêts bancaires». D'où la nécessité, selon lui, de bien étudier ce type de financement pour ne pas décevoir les déposants et les personnes sollicitant ce type de crédit. Avec la nouvelle formule de la BDL, les banques publiques entament officiellement le système des finances islamiques. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, avait d'ailleurs annoncé à maintes reprises le lancement de nouveaux produits dits alternatifs ou islamiques. Il est clair pour les dirigeants des banques publiques que le lancement de ce produit alternatif va permettre de diversifier la gamme de produits financiers et de répondre aux besoins exprimés par une importante catégorie de clientèle.