Le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, a remporté hier haut la main l'élection présidentielle en Iran dès le premier tour, dominant son principal rival, Mir Hossein Moussavi, qui a dénoncé vigoureusement des «irrégularités». En signe de protestation aux résultats, des milliers de partisans de M. Moussavi sont descendus dans la rue dans le centre de Téhéran, alors que des heurts ont opposé dans des quartiers de la capitale les supporters de l'ancien Premier ministre à la police, selon des témoins et des correspondants de presse. Selon le ministre de l'Intérieur, Sadegh Mahsouli, M. Ahmadinejad a recueilli 24 527 516 voix (62,63%), sur un total de 39 165 191 suffrages exprimés, dont 409 389 ont été invalidés. L'ex-Premier ministre Moussavi, un conservateur modéré revenu sur le devant de la scène politique après un retrait de 20 ans, est arrivé deuxième en remportant 13 216 411 voix (33,75%), a-t-il ajouté. Le conservateur Mohsen Rezaï a recueilli 1,73% de voix et le réformateur Mehdi Karoubi 0,85%. Ce dernier a jugé les résultats «illégitimes» et «inacceptables». La participation a été de 85%, «un record», selon M. Mahsouli. Le ministère de l'Intérieur n'a fait état d'aucune irrégularité dans le scrutin. Mais M. Moussavi a protesté «vigoureusement contre les irrégularités visibles et nombreuses», et affirmé qu'il était de son «devoir religieux et national de révéler les secrets de ce processus dangereux et d'expliquer ses conséquences destructrices sur le destin du pays». «Les gens sont conscients et ne se plieront pas face à ceux qui arrivent au pouvoir en trichant», a dit M. Moussavi, qui avait après la clôture du scrutin revendiqué une large victoire. Il a aussi lancé un appel au calme à ses partisans. Malgré l'interdiction par la police de tout rassemblement de partisans d'un candidat après la clôture du scrutin, plusieurs milliers de supporters de M. Moussavi se sont rassemblés dans le centre de Téhéran, lançant des slogans hostiles au gouvernement, selon des journalistes sur place. Criant «Dictature, dictature» ou encore «Démission du gouvernement de coup d'Etat», une partie des manifestants a bloqué l'avenue Valie Asr, l'une des plus grandes de la capitale. Plus au sud, quelques centaines de jeunes qui manifestaient près du ministère de l'Intérieur ont été dispersés brutalement par la police, avant de se rassembler à nouveau. De jeunes manifestants affrontaient la police dans d'autres endroits de Téhéran. «Moussavi, Moussavi, récupère nos votes», scandaient les manifestants, pour la plupart des jeunes et dont certains ont mis le feu à des poubelles. La police a chargé les manifestants à la matraque sans toutefois pouvoir les disperser. La campagne électorale s'était déroulée dans un climat acerbe entre candidats mais aussi dans une atmosphère festive, à un niveau jamais vu en 30 ans de République islamique. Elle avait aussi reflété des divisions profondes sur l'avenir de l'Iran après quatre ans de mandat Ahmadinejad. A Washington, le président américain Barack Obama, qui souhaite un dialogue ferme mais direct avec Téhéran, avait estimé qu'un «changement» était «possible» dans les relations bilatérales, quel que soit le vainqueur du scrutin. Mais en Israël, ennemi juré de l'Iran, le vice-ministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a affirmé que «s'il y avait encore un espoir d'un changement en Iran, la réélection d'Ahmadinejad montre que la menace iranienne est d'autant plus grave».
«Une vraie fête», selon le guide suprême Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a qualifié hier la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad de «vraie fête» et le scrutin de «succès massif», selon la télévision d'Etat. «La participation de plus de 80% et les 24 millions de voix pour le président élu sont une vraie fête qui peut garantir le progrès du pays, la sécurité nationale et une joie durable», a dit la plus haute autorité de l'Etat. L'ayatollah avait promis de ne pas révéler son vote, mais avait apporté avant le scrutin un soutien implicite à M. Ahmadinejad. Il a cette fois «félicité le peuple pour ce succès massif».