Une trentaine de journalistes, pour la plupart de la presse locale, se sont regroupés devant le siège de l'ENTV pour apporter leur soutien au journal El Khabar, mais aussi poser le problème des journaux menacés de fermeture faute de publicité. L'occasion a permis de lever un bout de voile sur la situation de la presse locale. Le cas de La Voix de l'Oranie et Sawt El Gharb, édités par la même entreprise, a été au centre des échanges entre journalistes. Un membre de la section syndicale a expliqué aux présents les démarches entreprises auprès d'un haut responsable de l'Anep, il y a quelques semaines. Ce dernier leur a promis un changement de distribution de la manne publicitaire à partir du 15 mai prochain. Cependant, les intervenants relèvent une intention du propriétaire de ces titres de fermer l'entreprise. Pour preuve, il a imposé aux journalistes et aux travailleurs un congé sans solde. Par ailleurs, l'on apprend que depuis jeudi dernier, il est en train de vider ses bureaux et depuis hier il est installe des portails en fer au siège du journal. Ce qui est inédit dans la situation de La Voix de l'Oranie, c'est la disposition des journalistes et travailleurs à batailler pour se débrouiller la pub permettant la survie du journal, alors que la direction cherche à liquider le journal parce qu'il n'est plus source d'enrichissement, encore moins de relations d'affaires. Les journalistes d'El Adjwaa, dont le patron est sous mandat de dépôt, suite à un vol déclaré au niveau de son siège à Alger, ont eux aussi exposé leur situation. Ils sont sans salaire depuis quatre mois et le nombre du personnel du bureau d'Oran est passé de quinze à quatre personnes. Ils ne savent pas à qui s'adresser pour la prise en charge de leur situation. D'autres journalistes évoluant dans d'autres titres n'ont pas eu le courage de s'exprimer par crainte de représailles de la part de leur direction. Bref, à leur insu, les présents ont établi le constat que l'affaiblissement de la profession remarquable par sa précarisation sans précédent est le résultat de son investissement par des indus journalistes. Dans ce cadre, un des présents a rappelé la responsabilité des pouvoirs publics dans ce délabrement.