Dans son dernier rapport, le ministère des Finances a publié des chiffres sur le déficit du Trésor qui font froid dans le dos, à tel point que certains analystes économiques doutent de ces chiffres. Vrai ou faux, le ministère a, en tout cas, fait état dans des statistiques, rapportées par l'APS, d'un déficit du Trésor de l'ordre de 1.404 milliards dinars lors des deux premiers mois de 2016, contre 413 milliards dans la même période de référence, ce qui représente une hausse de 240%. Interrogé sur ce sujet, l'expert en économie et consultant international Abderrahmane Mebtoul a estimé qu'à ce rythme, le Fonds de régulation des recettes (FRR) qui sert de soupape de sécurité pour combler le déficit va «indéniablement s'épuiser au cours de l'année 2017». Pour le moment, explique-t-il, les autorités financières du pays font dans la dévaluation du dinar pour gonfler les recettes pétrolières et ordinaires et donner ainsi l'impression que les chiffres sont importants. Aussi, si l'on prend en considération, ajoute Mebtoul, les prévisions du FMI, les importations qui ont été freinées ces derniers temps avec l'introduction de licences vont reprendre leur ascension pour atteindre à nouveau les 63 milliards de dollars à l'horizon 2017. Sans l'engagement de véritables réformes, les mesures prises par le ministère des Finances, dont notamment le recours à l'emprunt obligataire, ne sauront combler le déficit budgétaire, estime notre interlocuteur qui rappelle que l'Algérie n'a pas profité des rentes pétrolières et gazières de longues années pour diversifier son économie et préparer l'après-pétrole. Sans pour autant verser dans l'alarmisme, l'expert en économie conseille de se mettre au travail et revoir les politiques budgétaires. Pour rappel, la loi de finances 2016 table sur une fiscalité pétrolière budgétisée (basée sur un prix du baril à 37 dollars) de 1682,55 mds DA pour toute l'année en cours. Dans son rapport, le ministre annonce que les ressources ordinaires du Trésor ont reculé à 391,91 mds DA à fin février 2016 (contre 488,73 mds DA à fin février 2015). Les recettes budgétaires effectivement recouvrées (pétrolières et ordinaires) ont baissé à 713,6 mds DA contre 894,43 mds DA sur les deux périodes de comparaison (-20,2%), sachant que la LF 2016 table sur des recettes de 4.747,43 mds DA sur l'année en cours.